samedi 30 mai 2015

Maxi-Race façon TTT

Nouveau RDV en ultra inconnu, destination la maxi-race,  85km pour 5300+, du côté d'Annecy.



Ce n'est pas l'objectif principal de ma saison mais c'est une grosse course et j'aime quand ça bagarre (mon frère confirmera). La motivation est là mais l'inquiétude aussi un peu car depuis une semaine je ressens un point douloureux à côté du talon d'achille droit. Je me persuade que c'est psychologique, que non, je ne suis pas blessée, que oui, je vais pouvoir la faire cette course. Je suis tellement dans le déni que je ne fais rien de la semaine pour essayer de régler le problème: ni glace, ni pomade. Rien, puisque je vous dis que je ne suis pas blessée!

Cette course est aussi l'occasion d'un rassemblement TTT. Nous sommes une quinzaine la veille au camping de Lathuile. A 19h30 je me dis intérieurement "bon demain levé 3h30 du mat, ce serait bien qu'on mange bientôt". A 20h Mich sort les cahouètes et le saucisson, Fabrice les bières belges. Ca ne sent pas bon cette histoire! Les bières s'enchainent, les tucs aussi. 21h passé quelqu'un (que je ne remercierai jamais assez!) a un éclair de génie "il faudrait peut-être qu'on lance les pâtes non"? A quoi Mich répond "oh non sans moi, plus faim, j'ai mangé trop de sauciflard"! Ah c'est beau la diététique sportive façon TTT! :) 21h30 les spaghettis sont prêtes, merci Fabrice et Aurel. 22h passé je lâche la meute avant la farandole de dessert. C'est pas tout mais ce serait bien que je dorme quelques heures quand même... Certes la nuit est plus courte que prévu mais l'avantage de tout ça c'est qu'entre tous les fous-rires je n'ai pas eu le temps de m'inquiéter pour la course du lendemain.

Samedi matin, réveillée à 3h30 du mat', les joies du trail. A 5h top départ. Partie devant, je trouve que ça part vite et me fais pas mal doublée, mais c'est une habitude. Ce qui est plus inquiétant c'est que la pointe douloureuse dans la cheville droite n'a bizarrement pas disparu en une nuit. Mais pire que ça, plus les km passent (pas vite), plus j'ai mal. Ca m'inquiète et je cogite beaucoup: c'est quoi cette blessure? Est-ce que ça va tourner en tendinite? Je me dis que je préfère ne pas finir la course plutôt qu'être éloignée 6 semaines des baskets. En même temps ça me ferait mal au c** d'abandonner si ce n'est rien. Bref, je me pose plus de questions que je n'avance. Arrivée au Semnoz, après 2h15 de course, j'ai déjà 12' de retard sur la tête de course féminine. Certes cette partie roulante n'est pas à mon avantage, mais quand même, l'écart est énorme! Pourtant je souris peu avant le sommet: on double les derniers concurrents des championnats du monde, deux koréens qui n'ont pas l'air d'avoir souvent marché en montagne (sans parler de courir). On leur a quand même pris 1h30 en 2h de course!

Je me rassure dans la descente vers St Eustache: passé les 1ers pas, je n'ai plus du tout mal à la cheville. Ouf, ce n'était rien, c'est passé (un cierge pour le dieu du trail). Je déchante peu après dans la montée vers le col de la cochette. La douleur reprend et de plus belle. Sur les crêtes du col, j'ai vraiment très mal à chaque pas. Je n'arrive plus à courir. Je me dis que ça ne peut pas durer. Cela ne fait que 30km et vu comme la douleur augmente je ne pourrai pas continuer 50km comme ça. Je sors le portable et annonce à Cyril que j'abandonnerai à Doussard. Premier abandon sur blessure. Cyril a l'air déçu pour moi. Mais dans la descente qui suit rebelote: je n'ai plus du tout mal. En fait cette douleur n'apparait qu'en montée et à moindre mesure sur le plat. En bas de la descente je ressors le portable "Allô Cyril bon écoute apporte quand même le ravito à Doussard, on ne sait jamais..." Je l'entends sourire à distance. La succession de bosses qui suit se passe relativement bien. J'ai mal mais la bonne nouvelle c'est que la douleur semble se stabiliser.

Arrivée à Doussart. Photo Fabrice Préau.


Alors que voilà Doussard, ma décision est prise: je vais serrer les dents et continuer. Je me rassure en me disant que les descentes passent sans douleur et que dans la suite du parcours, des descentes il y en a beaucoup (des montées aussi, certes, mais n'y pensons pas). Je m'approche de Cyril et des TTTboys pour la ravito perso. Mich me donne les écarts sur les filles qui me précèdent, m'encourage, me donne les écarts sur les filles qui me précèdent, m'encourage, bref, le moulin à parole est en marche. C'est sympa mais je suis toute déstabilisée: d'habitude Cyril sait qu'il ne faut pas me parler, juste remplir mes flasks et me laisser faire mes petites affaires: laisser les emballages vides, choisir mes barres pour la prochaine portion. Avec Mich qui me parle, je ne sais plus trop ce que je fais, je prends des barres, les repose, les reprends, les repose, au secours, je suis perdue! Je récupère même des emballages vides que je venais de laisser et manque de repartir avec une seule flask! J'ai deux neurones qui marchent et tous sont à l'écoute de Mich. Je finis quand même par repartir, heureusement avec assez de ravito jusqu'à la prochaine assistance.


A Doussart. Photo Fabrice Préau.

Jusque là, je suis assez déçue du parcours car nous n'avons eu presque que de la forêt et la forêt c'est vert, c'est marron et c'est monotone. En fait depuis le début, seul le Semnoz nous a offert une vue dégagée, certes très belle, mais trop courte. Avant la course, tout le monde m'a dit "à partir de Doussart, tu vas voir, ça va te plaire, c'est plus de la montagne". Je me réjouis donc de cette deuxième partie du parcours. Pourtant la forêt nous accueille encore jusqu'au col de la forclaz mais nous en sortons peu après (ouf!).

Col de la Forclaz. Photo Claude Eyraud.

Ce n'est qu'à partir du col de l'Aulp que cela devient effectivement assez alpin. C'est ma partie préférée de la course mais le bonheur n'aura duré que quelques km. La descente qui suit le  col Lancrenaz est plutôt difficile avec une multitude de pierres qui roulent sous les pieds mais dont je me sors plutôt bien. Suivent quelques bosses puis le deuxième point d'assistance, Menthon St Bernard où je retrouve Cyril et Fabrice. Celui-ci reste silencieux, il a du être briefé! Je fais mes petites emplettes et repars rapidement. Il ne reste plus qu'une bosse avant l'arrivée et je veux en finir surtout qu'on m'annonce avoir repris un peu de temps sur les filles devant.  La montée est longue et raide. Je suis les pas de deux coureurs droits sur leurs batons alors que je suis pliée en deux en appui sur mes genoux. La différence de taille est impressionnante. En fait j'ai presque le visage au niveau de leurs jolis culs musclés. Je savoure: c'est pour ces moments là aussi que je cours sans baton! :) (n'est ce pas Isma)

A peu près à mi-pente je double Carine. C'est la première fois depuis le départ que je double une fille hors championnat du monde. Du coup je suis un peu perdue et je l'encourage en anglais "go go go follow me" (mais pas trop quand même). J'arrive au mont Baron avec une belle vue sur le lac qu'en bon traileur proche de la nature je regarde à peine. J'entame la descente en heurtant mon gros orteil gauche sur un rocher, ça fait mal mais ça rééquilibre les forces: entre le tendon gauche et l'orteil droit, c'est maintenant les deux jambes qui boitent! Je limite la casse dans la descente avant de rejoindre le bitume adoré puis l'arche en plastique non moins adorée. Je souris intérieurement et extérieurement. Je n'aurais pas donné cher de ma peau en début de course. J'ai eu mal pendant toute la course mais on n'abat pas si facilement une isogirl. Finalement il suffisait de serrer les dent et d'avancer les pieds. Et non le contraire.




Je franchis la ligne en 11h03, 2ème femme, 41ème/1386 au scratch (3%). Je suis contente de la manière et du chrono. Un grand bravo à Mélanie qui finit 14' devant et avec qui je ferai équipe pour la prochaine étape (Pierra Manta d'été). Cette fois il faudra bien que tu m'attendes!

Pour finir un grand merci
- au TTT pour ce week-end vraiment très sympa, dans la bonne humeur et la simplicité.
- à Cyril pour l'assistance et tout le reste. Surtout le reste d'ailleurs.
- aux bénévoles dont le nombre m'a impressionné, et le sourire aussi. Bravo et merci à vous tous, la journée à du être longue!
- aux organisateurs pour leur joli cadeau de moon boots qui vient à point nommé pour mes prochains trails! ;)

Oh les belles oversize! Photo Michael Peyrin.

La suite à la Pierra Manta d'été avec la team moon boots!


4 commentaires:

  1. je vous que vous vous êtes bien marré!
    Tu nous prouves une fois de plus ici toute l’importance de la force mentale qu'il faut pour venir a bout d'une telle épreuve! chapeau. Les Moon boots c'est peut etre bon pour soigner les talons d'achille, qui sait?

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  2. Congratulations again !
    J'ai d'abord cherché ton nom sur le podium mondial... mais si c'est possible !
    Bonne continuation
    Cousin AZ

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  3. Encore une très belle course que tu nous fait vivre à travers ce récit! Bravo pour cette belle performance et ce podium bien mérité.

    Patrick

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  4. bravo pour vos résultats ! vos récits donnent envie ! on y apprend beaucoup. Merci. olivier

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