dimanche 5 juillet 2015

Les pierres de la Pierr'

Lorsque j'entends parler pour la première fois de la Pierra Menta d'été, un simple coup d'oeil au parcours suffit à me convaincre: sauvage et engagé, il a tout pour me plaire ce trail! Et puis le concept est original puisque la course s'effectue sur trois jours et en duo: à la différence d'un relais, les deux équipiers (ou équipières en l'occurrence) doivent rester ensemble sur tout le parcours. Mon équipière est Mélanie Rousset avec qui j'ai sympathisé sur différents trails, dont récemment la diag et la maxi-race.

Etape 1: 



28km, pas de quoi m'impressionner outre mesure normalement, mais le D+ de 2550m est important pour cette distance. Une chose est sûre: nous n'aurons pas beaucoup de plat (ce qui n'est pas pour me déplaire). Nous sommes un peu moins de 200 équipes sur la ligne de départ de cette première étape. Le parcours commence en douceur par 2km roulant avant la 1ère ascension avec plus de 1000m+ jusque Roche Plane. Je comprends rapidement que je suis loin d'être au mieux de ma forme. J'ai l'impression d'avoir une barre de fer dans chaque cuisse et des parpaings à la place des pieds. Je souffle comme un boeuf, sue à grosses gouttes (certes il fait déjà chaud), tout ça pour avancer moins vite que lors d'un off. Je donne tout ce que je peux mais aujourd'hui je ne peux pas beaucoup! Mélanie m'encourage, me dit de boire, me propose à manger. Je me connais et je sens malheureusement que ce n'est pas un gel qui va me refaire une santé. La fatigue est plus profonde que ça. Dans les montées la différence entre nous est impressionnante: alors que je suis à la limite du rouge, Mélanie sautille comme un cabri, facile comme Emile. A un moment bucolique, je me dis même que pour s'occuper, elle devrait peut-être nous cueillir des fleurs!



Roche Plane puis le Mirantin, Grande journée: le parcours est magnifique et j'essaie d'en profiter quand même un peu. Certes, il faut aimer la caillasse et courir avec les mains!



Il y a une bonne ambiance avec à chaque sommet beaucoup de spectateurs pour nous encourager. Mélanie est une locale depuis quelques mois et nous montons au rythme (lent) des "allez Mélanie". Pointe de la Grande combe, dernier sommet du jour, puis descente finale sur Arêches. Nous finissons 5h08, 3ème équipe femme (à plus de 20' des 2ème...), 22/147 (15%) au scratch de cette 1ère étape. J'ai tout donné pour un résultat pas terrible. Bon, il va falloir récupérer pour la suite si je veux tenir. Heureusement que Mélanie me dégote un petit coin idyllique (une sorte de terrain vague) pour une sieste express qui s'apparente presque à un coma.

Etape 2: 



Une étape plus courte que la veille, 24km, mais qui s'annonce encore plus technique avec plusieurs passages de crêtes où longes et baudriers sont obligatoires. Au vu de ma prestation de la veille, on a décidé d'emporter l'élastique (en l'occurrence une suspente de parapente, merci p'tit lu) pour équilibrer les forces et fatiguer un peu Mélanie. Mélanie me dit "on le sortira que s'il y en a besoin, d'ailleurs si ça se trouve c'est toi qui va devoir me tirer", ça me fait sourire. D'ailleurs il ne nous faut pas longtemps pour nous apercevoir qu'il va nous être utile: 10' à peine après le départ, alors qu'on est encore sur une partie bitumée en pente douce, on accroche la trottinette à l'avion. Ca me donne un rythme régulier sur les parties roulantes et ça allège mon pas (lourd) sur les pentes plus raides.

Au départ de l'arête du Mont Rogneux commence un original trail ferrata: on se décroche l'une de l'autre pour se vacher à la longe posée pour l'occasion par l'orga. A partir de là ce sera plus d'1h de crêtes magnifiques où courir est impossible et doubler difficile mais où je ne cesse de me dire "putain c'est énorme ce qu'ils nous font faire", le tout avec un grand sourire (certes fatigué)!



La descente qui suit l'antécime du Grand Mont est d'anthologie. Il nous faut traverser plusieurs névés sur lesquels, vu la pente, rester debout est impossible et la glissade inévitable. Il faut bien gérer sa trajectoire pour éviter les rochers, se servant de ses pieds et mains comme gouvernail. Je m'en sors avec quelques brulures mais sans blessure, pas mécontente de voir la fin du dernier névé!

Dernière difficulté avec l'ascension du Grand Mont. On a remis l'élastique et ça tire devant! Quelle pêche ce p'tit bout d'femme!



Dernière crête, dernière longe, puis descente finale à travers les cailloux (pour changer). On a en ligne de mire la 2ème équipe féminine qui est juste quelques minutes devant. A ce moment on se dit que c'est peut-être jouable de les rattraper.


Le temps d'un court arrêt au stand pour remplir les flasks et les deux gazelles qui nous précèdent ont complètement disparu de nos radars. On fait une bonne descente mais sans jamais plus les revoir. On franchit la ligne en 4h29, 3ème femme (du mieux: à 4' des 2ème), 17/135 au scratch (13%).

Etape 3: 



La dernière et la plus courte des trois étapes, a priori la plus roulante aussi avec comme seule difficulté l'ascension de la Roche Pastire par un couloir que tous nous annoncent comme très (très très) raide. Lorsque le départ est donné je suis impressionnée par la vitesse à laquelle tout le monde démarre. Certes, je ne vais peut-être pas vite mais j'ai l'impression qu'il ont tous pris comme tactique "partir vite et accélérer"! Pour nous (moi) c'est plutôt partir comme je peux et essayer de gérer! On ne met pas longtemps à raccrocher l'élastique. Mélanie est surmotivée, elle tire autant qu'elle peut. Je suis déçue pour elle de ne pas pouvoir faire mieux mais je fais mon maximum avec les capacités du moment. En bas du couloir de la roche Pastire, je lève la tête pour voir le couloir qui nous attend: im-pre-ssio-nnant! Mélanie est en pleine forme. Pour plus d'efficacité, elle attrape l'élastique de la main gauche et tire avec le bras en même temps qu'elle avance. Effet garanti! Il m'arrive dans cette montée d'avoir les pieds qui touchent par terre mais pas souvent!


Montée vers la Roche Pastire, c'est raide! Photo: organisation

Au sommet il y a une ambiance du tonnerre et la vue que l'on découvre est magique avec le lac de Roselend en contrebas et le Mont Blanc en ligne de mire. Sur toutes les crêtes qui suivent je me dis que quand même cette course est formidable, tellement unique, tellement belle. Je suis presque déçue d'aborder la descente finale, j'aurais bien refais un petit tour de manège!



On arrive à se perdre à 20m de l'arrivée (!), petit retour en arrière, puis on franchit la ligne pour une dernière fois en 2h57, 3ème femme, 31/134 (23%, aïe). Ainsi s'achève notre 1ère Pierra Menta. Merci aux organisateurs de nous avoir fait vivre ça, c'est vraiment une course extraordinaire. Merci à Endurance Mag pour le beau cadeau (vous aviez raison de miser sur les girls!). Et un grand grand grand merci à Mel(astique) pour la bonne ambiance, les fous-rire et le remorquage du poids lourd! :)





4 commentaires:

  1. Bravo Juliette et (surtout) Mélanie ;-) ! Cool de s'être croisé et recroisé pendant cette belle épreuve.

    J'espère que tu as bien récupéré et que tu vas te faire plaisir du côté de Montgenèvre.

    ps : c'est le lac de Roselend que l'on voyait de la Roche Parstire !

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    1. Hello Yann,

      Effectivement c'était sympa de se croiser... et de se tirer la bourre! Vous nous aurez finalement eu sur la dernière! :)

      Merci pour la boulette, c'est corrigé!

      A+

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  2. Bravo Juliette !
    Avec un niveau très relevé sur cette course , je crois qu'il n'y a que du bon à retenir .Et même si tu étais moins en forme que Mélanie ça fait patrie du jeu , et sûr que l'an prochain tu prendras ta revanche.
    Cela dit tu as toujours le records des plus beaux sourires.
    Et en regardant les photos je sais pas si c'est toi qui mets les paysage en valeur ou l'inverse en tout cas vous allez bien ensemble .
    Bise

    Isma

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