samedi 16 mars 2019

Ecotrail de Paris 2019 - Les jambes en mousse!

Deux semaines après le l'ultra du bout du cirque, c'est déjà le retour des épingles! Au programme 80km 1250+ sur l'écotrail de Paris. Ce ratio km/D+ n'est clairement pas ce qui me convient le mieux -ni me motive le plus - mais pour progresser, il faut travailler ses points faibles! Et puis c'est l'occasion de courir avec le reste du team vibram puisque cette course est le rassemblement annuel du team (après le MIUT l'an dernier... contraste contraste!). C'est aussi l'occasion de courir pour mon club, le Taillefer Trail Team, puisque cette course est une manche du TTN. Bref, je n'aurais pas cru cela possible, mais pour la 2ème année de suite, je suis là.

[Voir le parcours du tracedetrail]

La récup depuis l'ultra du bout du cirque s'est bien passée je pense. J'ai réussi à faire de bonnes sorties et à retrouver de la vitesse. Je sais que je ne vais pas briller sur cette course mais à quelques minutes du départ je suis assez confiante: reposée, sans stress, je risque peut être de puiser dans les dernier 30k mais ça devrait le faire.

Seulement ça, c'était 15' avant le départ. Car dès l'échauffement, je vois bien que ça ne va pas. Je n'ai rien dans les jambes. Aucune force, impossible de pousser. Les jambes en mousse! Je me connais et je sais très bien que les sensations à l'échauffement seront mes sensations de course. Ca ne s'annonce vraiment pas bien cette histoire.

Avec le copains du team, Yulia et Stefano. Photo: Niccola Faccinetto
 Le départ est donné et ce que je pressentais se confirme: je n'ai rien dans les jambes. A partir de là, ce sera un long chemin de croix. Un chemin sur lequel je me ferai doublée doublée doublée pendant au moins 1h. Il m'est impossible de courir en montée et je galère à ne pas marcher sur le plat. Je cogite pendant les 20 premiers km: j'arrête ou j'arrête pas? Evidemment je n'arrête pas car, même si à ce moment ça me traverse l'esprit, je sais que je m'en voudrais bien trop à froid d'avoir renoncé à la première difficulté. Trop fière la meuf!

A Buc, je retrouve Uxue et Nic qui m'assistent. C'est super de les voir. Leurs sourires et leurs encouragements me motivent. Je repars pas plus vite qu'avant mais avec la banane (au sens propre comme au figuré, d'ailleurs!).

A partir du 30ème km, les premiers pop corn sont de sortie. Vous savez ces coureurs qui partent sur un 80km comme si c'était un marathon et explosent comme une bulle. J'en rencontrerai de plus en plus. Chaque pop corn en ligne de mire sera un objectif à doubler. Vous me direz, ce n'est pas dur, ils marchent même sur le plat. Mais si, pour des jambes en mousse, même ça c'est un défi. Et à chaque fois que j'en double un, je crie dans ma tête "pop corn!!". Ca me fait marrer. Faut bien s'occuper!

A Chaville, je retrouve Uxue et Nic pour l'assistance. Uxue me change les flasques, m'épluche ma banane, me demande comment ça va et a des gentils mots pour moi. Quand je repense à la "bataille" qu'on s'était livrée en 2014 sur la diag', je me dis nous avons toutes les deux bien changé!

Avec Uxue au ravito. Photo: Nicola Faccinetto

Peu après, je rencontre un coureur dont j'ai oublié de demander le nom mais avec qui je ferai tout le reste de la course. On papote un peu pour passer le temps mais surtout il connait la course comme sa poche et me briefe à l'avance de ce qui suit. Ca m'aide beaucoup, et puis courir à deux me motive. Merci à toi si tu passes par là! Sur les 10 derniers km qui sont plat plat plat plat plat et ch**** ch**** ch**** ch**** ch****, on a formé un petit groupe de 5-6 coureurs. Plus personne ne parle, pas possible, on sert trop les dents!

Ah enfin, la voilà cette foutue tour Eiffel! Je crois bien que je n'ai jamais été aussi heureuse d'être à Paris! :) Je franchis la ligne puis monte au 1er étage, toujours au pas de course mais c'est juste pour me la péter devant les caméras car cette année le chrono était arrêté en bas. Au final, je finis en 8h13, 11ème femme (outch), 8% scratch. Le chrono n'est pas si catastrophique que ça pour moi qui ne suis clairement pas une bonne coureuse. Mais c'est dommage, les sensations ont été tellement mauvaises que je n'ai pas pu apprécier la nature intacte de la course, les jolies singles, les fleurs sauvages, les oiseaux qui chantent. Ah y en avait pas? Au temps pour moi! :) Ceci dit, à part les 10 derniers km qui ne sont presque que du bitume, le reste de la course se fait presque intégralement en forêt. Pas de doute c'est du trail. Bon, c'est sûr, faut aimer la forêt l'hiver...

Merci au team vibram pour ces 5j de rigolade. On (je) ne performe pas toujours mais on se marre toujours autant! Enfin pour l'an prochain, si on pouvait se marrer au soleil et en terrain accidenté, ça m'arrangerait! Et comme toujours merci à ceux qui me soutiennent même lors des journées mousse: vibram, NaïtUp et Hammer Europe.

Prochain épisode sur le tchimbé raid où on va, c'est sûr, bien se marrer!


samedi 2 mars 2019

Ultra du bout du cirque 2019 - C'est reparti!

4h du mat' au Vigan. Je suis sur la ligne de départ et honnêtement je me demande un peu ce que je fais là. Un 100km pour une reprise, c'est un peu gonflé. D'ailleurs il y a 2 semaines, j'étais à deux doigts de demander à l'orga de basculer sur le 60km. Je trouvais que je n'avais pas assez d'entrainement dans les jambes, comme tous les ans en fait, car je n'arrive jamais à bien m'entrainer l'hiver. Manque de motivation pour des sorties longues, et probablement aussi besoin de faire un break. Mais voilà, entre temps il y a eu une semaine de vacances où j'ai réussi à sortir une semaine à 40h de sport alors je me suis dit "why not". Bref, je suis sur la ligne de départ pour une triple première: première course de 2019, première fois que je reprends la saison sur un ultra, première course en indiv chez les "jeunes vieux". Mais deuxième participation à cette course après 2016. Au programme environ 100km 4300+, avec pour seul objectif de faire une course régulière sans me soucier des autres.

[Voir le parcours sur tracedetrail]

Top départ. Quelques centaines de mètres de bitume à travers la ville et on attaque déjà les premiers sentiers. Toute la première partie de course est nouvelle par rapport à 2016 et franchement je la trouve très sympa. C'est ludique, avec une grosse majorité de singles qui tournicotent, de petites bosses et de gros cailloux (ou le contraire). J'ai le plaisir de voir que les jambes ne sont pas si mal. Cool, j'ai l'air d'avoir bien récupéré en une semaine de mes vacances choc.

Le jour se lève et je suis estomaquée. Le ciel est rouge feu d'un côté, bleu noir de l'autre. Avec les montagnes qui se dessinent en arrière plan, c'est tellement beau que j'en ai la gorge serrée. C'est peut-être le plus beau levé de soleil de ma vie.

Sortie de la nuit dans un décor de carte postale. Photo: Cyril Bussat photosports.com

J'arrive à Aulas où m'attend la meilleure assistance de l'univers, si ce n'est plus: Pierre, Marie, mon frère Adrien, Jenny, mes petit neveux et bien sûr Cyril. Tape dans la main, quelques mètres en courant avec mon frère - ça me rappelle les bons souvenirs de l'UTMB. Il ne manque que la doudoune rouge (private joke)! Alors que je m'affaire à un ravito express, mes petits neveux sont plantés juste devant moi, leurs grands yeux ouverts, sûrement interloqués par toute cette scène. Qu'est ce qu'elle fait tatie? Sophie me dit "tu sais tatie, si tu gagnes pas c'est pas grave". J'ai envie d'exploser de rire. Je repars sous des "allez tatie, allez tatie". J'ai le coeur qui tambourine. C'est pas l'effort, c'est l'amouuuuuur.

Au ravito d'Aulas, "qu'est ce qu'elle fait tatie?" Photo: Adrien Blanchet

Après un montée bien sympa et rondement menées, suivent des crêtes géniales avec une magnifique vue à 360°. Je prends un pied d'enfer! Je suis tellement contente d'être là! Ah c'est bon quand même le trail, surtout sur un tracé si sympa!

Ceci dit, je commence à fatiguer et je n'en suis qu'à la moitié. Les montées et les descentes se passent plutôt bien mais relancer sur le plat devient difficile. Absolument rien d'alarmant, d'ailleurs je pense être tout à fait régulière mais l'ultra est -il faut bien le dire- toujours douloureux au bout d'un moment et dans la tête il faut être prêt à ça. Le moral aussi s'entraine et avec la pause hivernale, il s'est lui aussi un peu ramolli.

La ravito de Calo rouge me fait du bien dans la tête. Cyril y est seul puisque ma dream team se prépare à prendre le départ du trail de l'oignon doux (bravo les copains!) mais même voir Cyril me réjouit. Ca me fait quand même un drôle d'effet l'ultra trail! :D

Le parcours continue à être magnifique puisqu'on rejoint le cirque de Navacelles, qu'on surplombe d'abord avant de plonger la tête la première dedans. Suivent une dizaine de km très roulants où il faut courir 95% du temps. Ce n'est pas mon point fort mais depuis quelques temps j'essaie de me soigner (notamment grâce à Guillaume l'an dernier). Après 60km, les jambes commencent à être dures mais c'est tellement beau, je n'ai pas le droit de me plaindre. "Profite, regarde comme c'est beau. Et accessoirement lève les pieds et avance!", voilà ce qui tourne dans ma tête.

Un grand sourire pour une magnifique vue! Photo: Thierry Jouanin photosports.com

Après la remontée sur Blandas, je n'ai pas bien étudié le profil et je crois à tort qu'il ne reste que qq km avant de redescendre. En fait c'est plus de 10km de plateau, certes joli, mais qui après 75km de course me paraissent ne jamais en finir. Il faut courir, courir, courir. Je ne rêve que d'une chose: une montée pour marcher! Au détour d'une route, j'ai l'énorme surprise de retrouver Cyril et mes petits neveux. "Allez tatie, allez tatie, allez tatie", à dire très vite en faisant des bonds de 50cm de haut (soit l'équivalent de la moitié de la taille d'Oscar). C'était inattendu et ça me fait tellement plaisir de les voir! Ca me redonne du courage. "Allez, plus j'en finis vite, plus je les retrouves vite!"

Et effectivement, j'en suis presqu'au bout. Une dernière bosse après Bez, quelques km de plat pour bien finir mes jambes et tester mon moral, voire mon abnégation, et je retrouve mes deux petits neveux avec qui je franchis la ligne d'arrivée: 12h23, 1ère femme, 18/152 (12%) scratch. J'ai les enfants dans les bras et un grand sourire aux lèvres. Ah quel bonheur l'ultra! Et encore plus quand c'est partagé avec des gnomes de moins d'1m20!

Merci aux bénévoles et aux organisateurs, Gildas et Denis en particulier et à toute la famille Campigna! C'est un sacré beau trail que vous avez là! Merci évidemment à ma dream team de toutes tailles. On remet ça quand vous voulez! Enfin merci aux sponsors qui me soutiennent depuis maintenant des années: vibram, NaïtUp et Hammer Europe. On ne change pas une équipe qui gagne... ou pas d'ailleurs mais qui en tout cas se fait grandement plaisir!

La récup' va être courte puisqu'on ressort déjà les épingles le 16 mars pour l'écotrail de Paris 80km!

mardi 1 janvier 2019

Demandez le programme - 2019

C'est reparti pour un tour!

- 02/03: Ultra du bout du cirque 100km 4300+ → 1ère femme (12% scratch) [récit]
- 16/03: Ecotrail de Paris 80km 1500+ → 11ème femme (8% scratch) [récit]
- 04/05: Tchimbé raid 103km 5500+ → 1ère femme (7% scratch) [récit]
- 19/05 Uriage trail running 42km 2400+ → DNF (perdue à l'arrivée !)
- 26/05 Trail du Hautacam 62km 4200+  → 1ère femme (14% scratch) [récit]
- 08/06: 6666 occitane 120km 7000+  → 2ème femme (8% scratch)
- 06/07 Morvan Oxygen trail 83k 3100+ → 2ème femme (18% scratch)
- 20/07 Ultra tour du Beaufortain 105k 6900+ → 2ème femme (10% scratch)
- 31/08: UTMB 170km 10000+ → 17ème femme (9% scratch) [récit]
- 4/10: 100 miles Sud de France 174km 8200+ → 1ère femme (4% scratch) [récit]

Photo: Thierry Jouanin pour photossports.com 

jeudi 18 octobre 2018

Diagonale des fous 2018 - C'est la dernière fois! (avant la prochaine)

23h à St Pierre, je suis pour la 3ème fois en quatre ans au départ de la Diagonale des Fous (2014-2016-2018). Contente d'être ici dans cette ambiance de feu, sur cette île qui vibre littéralement pour cette course. L'enchainement avec l'UTMB ne m'inquiète pas plus que cela, d'ailleurs je l'ai déjà fait en 2016. Devant nous, nous attendent environ 167km 9600+. Ah ouais quand même.

[Voir le parcours sur tracedetrail]

Le départ est donné comme chaque année dans une ambiance de DINGUE! Il faut les voir ces milliers de personnes, tapant des mains, criant. Une émotion immense. A chaque fois j'en ai les larmes aux yeux! Merci les amis!

Cette ambiance hallucinante est d'autant plus bienvenue que la première partie de course est ultra roulante et -il faut bien le dire - pas très intéressante. Les 15 premiers km jusque Domaine Vidot sont presque que de la route. La Saintélyon n'a qu'à bien se tenir! :)

Après Domaine Vidot commencent enfin les sentiers. J'entends une petite voix dans ma tête me dire "c'est ici que ça commence". Les km passent, la nuit s'écoule petit à petit et tout va bien pour moi. J'ai pris mon rythme de croisière, il fait bon, le peloton s'étire, j'ai le plaisir d'être de plus souvent seule. What else?

Petit coup de flippe quand même au début de la montée au coteau Kervegen. Le balisage est plus que minimaliste, je suis seule et me demande plusieurs fois si je suis sur le bon chemin. J'en arrive même à éteindre ma lampe pour voir s'il y a des lueurs devant. Et la réponse est oui, ouf!

La descente qui suit est dans sa première partie vertigineuse! Casse de fibres, droit devant! A Cilaos je retrouve Cyril, Guillaume, Daf (Fabrice Payet) et son équipe. Changement de pneumatiques, on refait le niveau d'huile, on gonfle les pneus et c'est reparti.

La montée du Taibit est un GROS morceau: 1200+ en 6km! D'expérience je sais qu'après 70km de course, on la sens passer! Pourtant cette année, elle passe comme une lettre à la poste. Elle commence à être trop facile cette Diagonale! ;)

C'est en haut du Taibit qu'on bascule sur Mafate où on passera les 50 prochains km. Depuis Cilaos il fait chaud, je transpire et ce n'est pourtant que le petit matin. Mais ces 10 prochaines heures dans Mafate le terme "chaleur" prendra une toute autre signification. On m'avait dit que Grenoble était irrespirable l'été. C'est que vous n'avez pas vu Mafate! C'est une autre dimension. On est sur une autre planête. Mars peut-être. Ou même le soleil. Je cours dans un four. Bloqué sur pyrolyse. J'ai chaud, je transpire, j'ai chaud, je transpire, j'ai chaud, je transpire. Un truc de fou.


Les premiers km dans le four (Marla). Photo: Olivier Lemaire


Les heures et les km passent, pourtant il fait à peine moins chaud. Mon corps est une comme frite sortie de l'huile bouillante (Cyril appréciera la comparaison). Je me plonge la tête dans chaque ruisseau. J'y remplis mes flasques aussi. Mais arrêtez-moi ce four, on est déjà cuits je vous dis! Je bous à l'intérieur mais il faut avouer que pour les yeux c'est une régalade: quelle beauté ce cirque!

A Grand Place c'est le début de la délivrance : la montée finale pour sortir de Mafate (1600m+ quand même). Laissez-moi passer! J'étouffe, je veux sortir! Motivée par la fraicheur toute relative que j'espère trouver au Maido, je fais une très bonne montée, accompagnée à partir de Roche Plate d'un autre coureur et son épouse venus l'assister. On discute (enfin surtout les nanas!) et, comme le Taibit, la montée passe comme une lettre à la poste. Décidément, j'ai du bien gagner en puissance cette année. Merci Guillaume! ;)

Dans quelques mètres, la sortie du four! Photo: le papa d'Audrey


Au Maido, ravito express de Jérôme qui réussit même à ne pas remplir mes flasques d'Hépar! (private joke). Il fait moins chaud, je transpire moins pourtant j'ai comme un halo de chaleur tout autour du visage. Il ne me quittera pas de toute la course.

La descente vers Sans Soucis (1800m-) est INTERMINABLE. Je le savais, je m'y étais préparée dans la tête, et pourtant chaque fois je suis étonnée que ça puisse être aussi ch... euh ennuyeux. C'est une délivrance d'arriver à Sans Soucis et de retrouver des têtes amies (et plus si affinités): la famille Porcherot, Ben et bien sûr Cyril. Ce ravito est important pour moi d'abord parce qu'il marque l'entrée dans la dernière partie de course. Ensuite (et peut être même plus ;)) parce que c'est ici qu'ils font des crêpes! Un peu comme la tarte aux myrtilles de Champex sur l'UTMB, les crêpes de Sans Soucis j'y pense depuis le début de la course! Et je ne manquerai pas d'en avaler trois d'un coup! Glump! :)


Ravito de Sans Soucis. Les crêpes sont déjà englouties! Photo: Jean Porcherot


La montée qui suit n'est pas vraiment intéressante et même un peu glauque. C'est la 3ème fois que je la fais, jamais vraiment à la même heure, et pourtant c'est toujours sur cette partie que j'ai le plus envie de dormir. J'avale des paquets entiers de gingembre pour me réveiller. Si les vertus qu'on lui attribue sont vraies, il ne faudrait pas qu'un Apollon croise ma route à ce moment là! :) (Cyril où es tu?)

La descente qui suit est dantesque. D'abord le chemin Ratineau qui n'a de chemin que le nom. Chez moi quand il n'y a pas de trace, on n'appelle pas ça un chemin. Ensuite le chemin Kalla qui est en fait un interminable enchevêtrement de cailloux. C'est ici que je double Mimmi Kotka qui est à l'arrêt et complètement hagard. Elle était en tête les 100 premiers km avant de piocher. Elle finira la course en marchant. Chapeau mam'zelle pour avoir eu le courage d'aller au bout. Me voici donc sur le podium virtuel: 3ème. :)

A la Possession je retrouve ma team d'assistants pour un ravito express. On m'annonce qu'Audrey est juste quelques minutes devant. OK, je déclare la chasse ouverte! Ca durera ainsi deux heures. Mon gibier est juste devant, je le vois et le reconnais mon chamois des Bauges. ;) C'est après Grande Chaloupe que je la rattrape. Je la double et l'encourage... en espérant évidemment qu'elle ne me suive pas! ;) Mais le chamois est coriace! Je me retourne plusieurs fois mais je peine à creuser l'écart. 50m, 40m, houla ça diminue, 30m, 20m, houla c'est chaud, 10m, argh la voilà revenue sur moi! Et au pas de course alors que je marche! Va-t-il falloir se "battre" jusqu'au dernier mètre comme avec Uxue en 2014? Relancer dès que possible? Grappiller chaque seconde? Après 27h de course je ne sais pas si j'en ai le courage! Mais Audrey non plus! C'est ainsi qu'au milieu de la dernière bosse, on décide de finir ensemble. Et ce sera bien plus sympa comme ça! D'ailleurs nous ne sommes pas 2 mais 3 puisque Pierre finira avec nous même si le gentleman aura l'élégance de nous laisser franchir la ligne à deux. 29h23, 2ème femme ex-aequo, 17ème au scratch sur 1961 arrivants (0.9%). Not too bad! ;)




Les trois fantastiques! ;) Photo: Jérôme Bernard


Cette course est tellement dure, tellement éprouvante, tellement looooongue que les dix dernières heures je me suis dit "ok, tu l'a faite trois fois, ça suffit, c'est la dernière, d'ailleurs tu n'aurais même pas du venir aujourd'hui". Et puis la ligne franchie, ça devient "ok c'était la dernière fois mais je suis contente de l'avoir faite". Le lendemain je notais déjà la date de 2019 dans mon agenda! ;)

Un grand merci du fond du coeur à tous ceux qui ont contribué à ce résultat. A Guillaume évidemment pour son coaching et son soutien. A Ben et la famille Porcherot pour leur silence pendant mon ravito et les encouragements juste après! A mon grand frère pour les nombreux textos et à ma belle soeur pour accepter les appels intempestifs en pleine nuit! A la team Daf pour l'assistance en or à Mare à boue et dans Mafate avec une mention particulière pour les patates douces de Grand Place! Et à Cyril évidemment pour... tout. Ainsi qu'à mes sponsors et amis qui me soutiennent et me permettent de vivre des moments si intenses: vibram, NaïtUp et Hammer Europe.

C'était probablement la der' de l'année.... mais probablement pas ma dernière diagonale! ;)


samedi 1 septembre 2018

UTMB 2018 - La revanche!

Me voilà sur mon premier gros objectif de la saison, la course que je souhaite absolument terminer pour prendre ma revanche sur l'an dernier: l'UTMB 170km 10000+.

[Voir le parcours sur tracedetrail]

Sur la ligne de départ, il y a une ambiance incroyable, comme chaque année en fait. La foule qui crie et tape des mains, Ludo au micro qui met l'ambiance, la musique de Vangelis en mode rock - quelles émotions! Je pense qu'on en a tous les cheveux qui se hérissent sur la tête (sauf Gedi! :)).

Photo: AFP

Allez hop c'est parti pour le tour du gros caillou. Je franchis les premiers mètres sans encombre, contrairement à d'autres: 2 chutes à gauche, 2 à droite (balle au centre) dans les 50-100 premiers mètres. J'ai bien fait de me positionner au milieu! Certains seront contraints d'abandonner peu après - j'ai connu ça aussi. Il va vraiment falloir que l'UTMB change son départ! (Catherine P, si tu me lis...)

Les 35 premiers km de course sont monotones et sans grand intérêt mais je le sais et gère plutôt bien. Seul moment très sympa, les 20m avec Buddy de Hammer Europe à Saint Gervais. Il faut voir comme il est survolté! Il hurle, il crie, il m'encourage en gesticulant. Je suis 150ème mais j'ai l'impression d'être première!

Arrivée à Notre Dame de la Gorge, je pousse un ouf de soulagement: c'est enfin ici que la course commence. Je sors les bâtons et c'est parti mon kiki pour une nuit en montagne. La nuit se passe bien. Le ciel est clair et il fait bon. Et dire que l'orga nous a obligé à prendre le kit hivernal! La 3ème couche que j'ai dans le sac est pour l'occasion bien superflue. La 2ème aussi d'ailleurs! J'avance régulièrement et gagne quelques places mais sans le "vouloir" car l'objectif cette nuit est de faire la course à mon rythme. On verra plus tard pour jouer le classement.

Dans la descente vers Courmayeur, la batterie de ma frontale rend presque l'âme mais Emy Lecomte a la gentillesse de mettre la sienne en mode boost pour que je puisse me caler dans ses pas. Merci à elle pour le geste, j'apprécie! Au ravito je retrouve mon grand frère et Cyril. Changement de pneumatique, ravitaillement, nouvelle frontale et c'est reparti. Je sais qu'un gros morceau m'attend jusqu'au prochain point d'assistance, dans plus de 7h.

Breakfast time! Photo: Adrien Blanchet

La montée au refuge Bertone est raide. Comme tous les ans en fait. Bizarrement, la montagne ne s'arrondie pas au fil des ans (contrairement à d'autres ;)). J'arrive à Bertone presque en même temps que deux autres féminines, Catherine Bradley et Beth Pascall. Ce sont des meilleures coureuses que moi et je me dis que c'est l'occasion d'essayer de m'accrocher à elles. Elles sont un peu devant moi mais j'arrive à tenir. C'est cool de voir que j'ai bien progressé sur les parties roulantes (merci Guillaume!). Même s'il reste encore du boulot!

A Arnuva commence la montée au grand col Ferret que je redoute tant. C'est là que j'avais explosé comme du pop-corn lors de ma 1ère participation en 2013. En 2016 j'avais encore bien souffert. En 2017, j'avais déjà abandonné! ;) Cette année se passe mieux. Par contre le vent souffle fort et il fait un froid glaçant. L'herbe est congelée, les rondins de bois couverts de glace. Nous sommes en short t-shirt dans ces températures largement négatives... Disons que c'est une expérience.... revigorante!

Au col, je bascule le plus vite possible: objectif sortir au plus vite de ce congélateur. A la Fouly, je retrouve ma team de supporters: mon frère, Cyril, Nicole et Robert. Je souris jusqu'aux oreilles. Tout se passe parfaitement pour le moment. C'est de bon augure ça! Mon frère me briefe sur les écarts. Je lui avais demandé de me donner les temps des deux filles juste devant et juste derrière mais dans sa générosité et son euphorie, il doit bien me donner les 25 premières féminines! J'ai des chiffres pleins les oreilles!

Séance stat avec mon frère! 

Au ravito de la Fouly, j'ai la surprise de voir la diffusion d'une vidéo d'encouragement que Cath et Nini ont enregistrée pour moi. J'explose de rire en entendant Cath dire "Allez Juliette, tu dois être presque arrivée là non?". C'est à dire qu'il me reste encore un petit 10h de course......

Je rejoins Jocelyn Pauly peu avant Praz de Fort mais dès qu'elle me voit, elle remet un coup d'accélérateur et de toute évidence nous n'avons pas le même moteur car je ne peux la suivre. Il faut dire que bizarrement mon moteur commence à prendre l'eau. Je ne comprends pas, il y a quelques minutes encore je me sentais dans une forme olympique et voilà que maintenant les gambettes me brulent. Rien d'anormal en soi me direz-vous, j'ai la bagatelle de 120km dans les gambettes. Mais ce passage de jambes de feu à jambes de bois a été particulièrement rapide cette année. Je ne l'explique pas vraiment. Peut-être en léger sûr-régime depuis Bertone à vouloir suivre Beth et Catherine? Toujours est-il que sans exploser, je subirai beaucoup plus les 50 prochains km.

A Champex je re-retrouve mon team de supporters. Changement de chaussettes (plus par précaution que par nécessité), ravito, pluie de statistiques et c'est reparti. Je n'oublie pas de lancer à mon team d'assistants: "au prochain point, ravito express, je ne m'assois pas!". Ca les fera bien rire. Que voulez-vous, j'ai peut-être plus des gambettes de folie à ce moment là mais dans la tête je suis toujours à fond!

Lunch time! Photo: Adrien Blanchet

J'ai la surprise de voir Hassein dans la montée suivante sur Bovine. Exactement comme en 2016. La même bouille, au même endroit. Et le même plaisir de le voir.

A Trient, je fais un ravito express, évidemment sans même m'asseoir ! Je n'ai qu'une parole! :) La montée qui suit vers les Tseppes est une nouveauté car le chemin habituel est impraticable. En fait ce n'est pas dur, c'est tout droit. Si si là, c'est bien ça, sur ce vague chemin plein de cailloux qui roulent avec une pente au % affolant! Oui l'UTMB c'est roulant mais pas partout!

A Vallorcine je retrouve ma team de supporters et l'avalanche de chiffres qui va avec. Avec toutes ces stats, l'UTMB, ça ne me change finalement pas trop du boulot! ;) Ravito express toujours sans m'asseoir et je repars pour la dernière bosse. Celle-ci est entièrement nouvelle jusqu'à la Flégère pour cause d'éboulement sur le chemin de la tête au vent. C'est en fait deux bosses pour le prix d'une, entrecoupée d'une descente d'anthologie au milieu d'un capharnaüm de rochers et de racines. Tout ça après 150km de course. Et ben, ils n'ont pas froids aux yeux quand même sur l'UTMB! Arrivée presque à la Flégère, je reçois un SMS de mon frère avec cette fois une seule stat: je viens de reprendre 15' depuis Vallorcine à Katia Fiori qui me précède. J'ai encore 20' de retard mais qui sait... ça se tente! Je donne tout dans la descente malgré des gambettes bien fatiguée mais ce sera encore insuffisant (8' d'écart au final). Le principal était de le tenter!

Je rentre dans Cham et j'aperçois la ligne d'arrivée. Il y a des centaines de spectateurs qui m'encouragent, qui crient, qui tapent dans les mains et les barrières. Quelle ambiance! C'est la première fois que j'ai droit une arrivée comme ça. C'est géant! Je franchis la ligne sur un saut de joie qui vient du fond du coeur. 26h48, 6ème femme, 45/1779 (2.5%). Happy!

Alors, heureuse? Photo: Twitter vibram

Un énorme merci à ma famille qui m'a suivie: Cyril pour son assistance parfaite (tant qu'il n'est pas en charge des photos...), mon frère pour ses encouragements, sa présence et ses stats exhaustives ;), Nicole et Robert pour avoir attendu des heures dans le froid pour m'entrapercevoir quelques secondes, ma mère "qui ne veut pas savoir" mais qui est la première à me féliciter, mon père qui me suit à distance sans le son (private joke). Merci évidemment à Guillaume pour sa prépa. Et un grand merci à ceux qui me soutiennent et me permettent de vivre des émotions si intenses: vibram, NaïtUp et Hammer Europe. C'est beau le trail !

Et merci, un grand merci à vous, qui étiez sur le bord du chemin et m'avez encouragée. Si vous saviez comme ça nous porte! Merci, merci, du fond du coeur. Ca donne déjà envie de resigner pour l'an prochain! ;)

Photo: Christophe Angot Photossports


samedi 14 juillet 2018

Championnats de France 2018 - Le trail en mode club

Me voilà à Montgenèvre pour ma première participation aux championnats de France de trail long, sur un parcours de 68km 4900+. Plusieurs raisons m'ont convaincue d'être là: mon amour pour la FFA, non je rigole! :) D'abord le tracé de Patrick Michel qui, je sais, sera un "one shot" et s'annonce de toute beauté. La reco que j'ai faite 3 semaines plus tôt me l'a confirmé (smiley avec des coeurs).

[voir le parcours sur tracedetrail]

Ensuite pour renforcer l'équipe de mon club, le Taillefer Trail Team (smiley avec des coeurs) avec lequel on espère jouer le podium cette année, après plusieurs éditions à tourner autour à quelques minutes près. Cette année, malgré l'absence de notre mobylette Thom, l'équipe a belle allure: Joris, Nico, Simon, Flo, Mél, Caro et moi. On y croit! En tout cas on est motivés!

6h samedi, le départ est donné. Ca part vite mais je m'y attendais, cela ne m'inquiète pas. Ce qui m'inquiète plus par contre c'est que dès le départ j'ai les cuisses comme du bois. J'ai l'impression d'avoir déjà couru 50km, je n'ai fait que 50m. Ces difficultés sont sûrement multi-factorielles: l'altitude qui m'asphyxie (le départ est à 1800m), le manque d'échauffement, un départ plus rapide que sur les départs d'ultra auxquels je suis habituée, le fait aussi sûrement d'avoir un peu trop coupé ces deux dernières semaines. Je voulais arriver fraiche sur la course, mais je suis peut-être du coup un peu sortie du "game".

Bref, je fais ce que je peux pour sauver les meubles sur ce début de course. La montée au Chaberton (km17, 1h34) est difficile. En haut je suis 17ème femme, ça fait longtemps que ça ne m'était pas arrivé! Mais il faut dire aussi que le niveau est dense -  championnat de France oblige! La descente s'apparente au début à du ski sur caillou (attention à la carrosserie) avant de rejoindre une piste bien plus roulante.

Je retrouve Cyril à Pra Claud. Le chemin qui suit jusque Cesana est facile et particulièrement bucolique. Malgré cela, j'ai du mal à courir, les jambes toujours dures. Eh ben elle va être belle mais elle va être longue cette course!

Ne vous y trompez pas, les gros cuissots ne sont qu'une mauvaise vue de la caméra! :) Photo: Pascal Rudel

La bosse jusqu'au refuge Mautino (km31, 4h16) n'est pas difficile. Je sais qu'il faudrait que je relance sur des parties roulantes, comme le font si bien Gaelle et Aline, mais je n'y arrive pas. Je marche à un bon rythme, mais je marche.

Je retrouve Cyril au Bourget, à mon plus grand étonnement d'ailleurs car on avait prévu de se retrouver au point d'assistance suivant mais il a finalement été supprimé. Les 5km qui suivent sont particulièrement roulants, en partie sur une route ou une piste forestière. Bizarrement, je commence à aller beaucoup mieux. En fait non, je ne vais pas mieux qu'au départ mais pas plus mal non plus. J'ai couru 40k et j'ai enfin la sensation dans les cuisses d'avoir couru cette distance. Autour de moi ça commence à craquer. A partir d'ici je doublerai régulièrement.

La montée jusqu'au col de Chaude Maison est incroyablement belle. Je l'ai faite lors de la reco il y a 3 semaines et pourtant je m'émerveille encore de ce paysage magnifiquement sauvage et minéral. La montée en elle-même est longue et dure, je double pas mal. Je continue à doubler dans le col Perdu, sans le chercher d'ailleurs, mais juste en gardant un rythme plus constant que certains autres coureurs.

Je retrouve Cyril au col de l'Isoard. Je lui dis "à Cervières pas besoin d'assistance, prends juste une photo STP, c'est pour mon blog". Ah ça c'est sûr j'ai bien fait, un peu plus et on me voyait! :)

Cadrage parfait :) Photo: Cyril Pérot

A Cervières (km60, 8h10), Cyril m'annonce que Marie est juste devant et effectivement je l'ai en ligne de mire peu après. Je la rattrape puis la double. Il faut dire qu'elle a un petit coup de moins bien en cette fin de course. De mon côté, je suis juste régulière et ça suffit pour grignoter des places. Enfin pas tout le temps puisque j'aperçois peu après Aline au dessus de moi mais elle arrive à relancer et je n'arrive pas à combler le retard (qui se creusera un peu, d'ailleurs).

Une dernière descente et voilà l'arrivée. Je franchis la ligne en 9h38, 9ème femme, 77/203 (38%) scratch. J'avais annoncé 9h30 à Cyril, je n'en suis finalement pas loin mais ce chrono je le pensais un peu pessimiste. Mais peu importe, j'ai fait le maximum aujourd'hui, et c'est bien là le principal.

Mon arrivée... Il aurait été dommage de ne pas immortaliser ce moment! :) Photo: Cyril Pérot
Toutes mes félicitations aux copains du Taillefer Trail Team puisque Nico, Flo, Mél et Simon nous permettent de remporter le classement club! La classe! Surtout que le lendemain l'équipe du court finira sur la 3ème marche. Pour un petit club qui compte 30 licenciés, on peut dire que c'est une sacré perf. Notre prez en a eu des papillons dans le coeur pendant une semaine!

Mes sincères remerciements à Patrick Michel pour ce tracé magnifique. Ce fut un grand championnat de France! Ca donne presque envie d'y retourner l'an prochain! Merci à Guillaume pour son investissement, à Cyril pour ses belles photos :) et à mes partenaires pour leur soutien: vibram, NaïtUp et Hammer Europe.

Prochain RDV sur le GGUT en Autriche!

samedi 9 juin 2018

6666 occitane 2018 - C'est du Guillon! :)

5 semaines après le MIUT, je remets déjà le couvert, enfin les épingles: me voilà à Roquebrun au départ de la 6666 occitane, sur un parcours qui, bien que très différent du MIUT en terme de profil, s'en rapproche beaucoup en distance avec 120km et 7000+.

[voir le parcours sur tracedetrail]

Contrairement à 5 semaines plus tôt, je suis aujourd'hui assez sereine: depuis quelques semaines, les sensations sont revenues. Enfin, oserais-je dire! J'ai retrouvé mon endurance et la confiance qui va avec. Bon, c'est sûr qu'il va falloir se coltiner un gros morceau, mais je suis confiante, ça va le faire.

Ne connaissant ni la région ni le parcours, je me renseigne auprès de Denis qui l'a courue l'an dernier: "ne t'inquiète pas, il n'y a pas de grosses difficultés mais beaucoup de cailloux. Tu verras, le circuit c'est du Guillon!" Du Guillon... Antoine, je ne sais pas comment il faut prendre ça! Moi non plus d'ailleurs, mais on verra bien!

Donc voilà, 6h pétante à Roquebrun, je suis prête avec mon dossard et mes semelles à faire ma 1ère expérience du Guillon. Je pars à un rythme correct, de toute façon la tactique aujourd'hui c'est de partir à un bon rythme (pour le diesel que je suis) et de temporiser ensuite. J'ai l'impression d'être en forme, c'est le moment de tenter!

Les 30 premiers km jusque Lamalou les bains sont relativement roulants malgré certains passages techniques voire très technique. En fait ce début de course me fait penser à la diag, les cailloux à la place des racines: on alterne entre pistes forestières bien roulantes et cascades de pierres. Ces premières bosses sont sympas mais pas très changeantes du point de vue des paysages. Je me dis que si les 120km sont comme ça, je risque quand même de m'ennuyer un peu à la longue.

Quelques minutes plus tard, je change d'avis (esprit féminin!): en fait elle est trop belle cette course! On parcours une gorge magnifique, avec un ruisseau en contre bas qui donne envie de se baigner, et au dessus de nous d'impressionnantes falaises rouges qui donnent envie de grimper. Mais aujourd'hui il faut courir! Enfin vu le terrain, marcher sera déjà pas mal!


Au ravito de La Fage avec l'apéro. L'histoire ne dit pas si le pastis est dans mes flasques! :) Photo: FB de la 6666

Arrivée à Andabre, je sais que c'est ici que le gros morceau commence: le Caroux, temple des cailloux! S'il y existe un dieu de la pierre, à coup sûr c'est ici qu'il habite! Et ça commence par une montée de 700m+ raide mais raide mais raide. En plus il est 15h, le soleil tape et il n'y a pas un cm d'ombre. Et puis tous ces cailloux, p**** mais qu'est ce qu'il foutent tous là?!? Arrivée au point culminant, je pense pouvoir relancer mais non, suivent un nombre incalculable de petites montées et descentes casse-gambettes. C'est extrêmement beau, minéral et sauvage, mais je ne serai pas mécontente quand je sortirai de cet enfer!

Ah voilà enfin la descente d'Esquino d'Aze, il suffit maintenant que je laisse aller les jambes pour en sortir. Mais attends là, c'est une blague, c'est quoi ce bordel? C'est vraiment par là qu'on passe? J'y crois pas... Cette descente, on ne peut même pas la décrire. Imaginez une avalanche de rochers sur une piste noire. Eh ben c'est encore pire que ça! Je descends comme je peux en essayant de limiter la casse de fibres mais il n'y a pas de choix, il faut sauter d'un rocher à l'autre pour avancer. A un moment je vois une pancarte "à partir d'ici et jusqu'au prochain panneau, interdit de courir". J'ai envie d'éclater de rire: attends Antoine, tu crois vraiment qu'on pourrait réussir à courir dans cette cascade de pierres? Là c'est bon, je crois que j'ai bien compris ce qu'est le Guillon! :D

Sortie du Caroux, le reste de la course va me paraitre un billard. En fait il y a toujours un nombre incalculable de cailloux, malgré quelques passages plus roulants, mais de toute façon quand on a survécu au Caroux, tout nous parait d'une facilité déconcertante! Je continue à dérouler et à avancer à un rythme qui me parait tout à fait correct. D'ailleurs je double régulièrement. Côté estomac, tout va pour le mieux. Décidément, je suis dans un bon jour. Hammer n'y est assurément pas pour rien!

Peu après Mons, commence la petite nouveauté par rapport aux années précédentes puisque qu'on attaque directement le Naudech. Le chemin est balisé par de la rubalise 6666, comme depuis le début de la course (avec parsimonie!) ainsi que.... des slips agrafés aux arbres! Véridique! Je ne sais pas s'ils sont à Antoine, en tout cas il y a un caleçon superman! C'est peut-être ça aussi la Guillon's touch! :)

Je me perds deux fois dans cette bosse, une bonne dizaine de minutes envolées, mais cela me reboost pour retrouver du rythme. Je m'étais peut-être un peu endormie depuis quelque temps. Il est vrai que je cours presque seule depuis plusieurs heures, les écarts étant importants.

La nuit est tombée et je fais la dernière bosse à la frontale, la nao allumée en plein phare pour ne pas rater les balises. La dernière descente est à l'image de toute la course: pleine de cailloux! Mais bon, on est toujours mieux ici que dans le Caroux!

Je franchis la ligne après 18h47, 1ère femme (8/188 scratch, 4%). Je discute quelque temps avec Ugo et Antoine avant de me ruer vers le buffet d'après course (à volonté!) et son fondant au chocolat le meilleur du monde. C'est pour ça aussi qu'on court, hein!

Podium féminin. Photo: Cyril Pérot

Je voudrais sincèrement remercier l'organisation pour leur invitation et leur magnifique cadeau puisque grâce à cette victoire je m'envolerai en octobre pour la Réunion! :D Merci de m'avoir fait vivre ma 1ère expérience du Guillon. Le parcours était mémorable, l'ambiance particulièrement sympa, mélange idéal de grande famille du trail et de grand professionnalisme. Merci à Cyril pour son assistance plus que parfaite. J'ai l'habitude de le chambrer dans mes récits (qui aime bien chatie bien) mais là, si je n'en est pas parlé, c'est tout simplement que je n'ai rien trouvé, tout a été parfait! Merci également à Guillaume d'avoir réussi à me remettre en forme. Le moteur diesel s'était quelque peu noyé depuis l'UTMB, le voici reparti pour un (grand) tour! Et merci évidemment à ceux qui me permettent de vivre ces aventures qui font vibrer: vibram, NaïtUp et Hammer Europe.

Prochain RDV sur les championnats de France à Montgenèvre avec le Taillefer Trail Team!