Le parcours de cette année est donc légèrement modifié par rapport au parcours "habituel" (mais y-a-til vraiment un parcours habituel au Ventoux?). Certains parlent de 49km et 2900+ mais cette trace gps donne 46km 2300+.
La dream team de Bélézy tout sourire avant la bagarre! |
Dimanche matin, on rejoint ensemble Bédoin en trottinant pour s'échauffer. Une fois n'est pas coutume, je me place relativement loin de la première ligne pour le départ. L'an dernier, prise par l'élan des plus rapides, je m'étais asphyxiée à partir trop vite (au moins 12km/h sur le plat, pour dire! ;)). Cette année je préfère partir mollo pour assurer. Surtout que le moral n'est pas au beau fixe quant à ma forme: depuis quelques semaines je me sens tout raplapla, sans énergie, toujours fatiguée. J'ai entamé un cure de magnésium et de sommeil depuis quelques jours. J'ai l'impression que ça va mieux mais je sais pertinemment que de toute façon ce ne sera pas la forme de ma vie. Bref, je me dis qu'il vaut mieux assurer.
Je pars donc à mi-peloton mais rapidement je me rends compte que ce n'était finalement pas une si bonne idée que ça. D'abord mes jambes n'ont pas l'air de mal tourner (au moins 10km/h sur le plat, pour dire! ;)). Ensuite je suis rapidement bloquée par des bouchons dès que le chemin rétrécit ou qu'une difficulté se dresse. J'enrage un peu de ne pouvoir suivre mon rythme naturel mais je prends mon mal en patience. Zen, restons zen. Je serai comme cela sur un faux rythme jusqu'à la bifurc du K14, peu après le 1er ravito, où les coureurs du 20km nous quittent. Ensuite c'est un peu moins dense et on rejoint de toute façon rapidement une route enneigée où l'on peut facilement doubler. Je ne trotte pas vite mais bon an mal an je remonte quelques coureurs (dont quelques féminines). Le vent commence à souffler, le froid se ressent, je remonte les manchettes. J'aperçois Cyril au loin et le rattrape. Je me dis "chouette, on va pouvoir faire un bout ensemble" mais j'aurais dû retenir la leçon du Salève: dès qu'il me voit dans ses pas, il accélère et je ne peux le suivre. Il me dira plus tard qu'il n'a pas fait exprès de me larguer, qu'il pensait au contraire que ça allait me tirer. Ouais tu parles Charles!!!!
Avec le sommet en ligne de mire (à ce moment j'y crois encore...). Photo piquée ici. |
A l'approche du sommet, le vent souffle de plus en plus. Les rafales sont hallucinantes. Je suis baladée de droite à gauche. Mon poids plume ne fait pas vraiment le poids (c'est le cas de la dire!) face au déchainement du vent. C'est une lutte de tous les instants. J'arrive enfin sur la crête (K19) dans une bourrasque effroyable. Et là oh malheur, qu'est ce que je vois!!! On ne passera pas au sommet, on est juste 10m au dessous!! Pour le sommet c'est ENCORE raté!!
On continue sur les crêtes sud. Le vent est toujours hallucinant. Certaines bourrasques doivent atteindre les 100km/h. J'essaie de profiter de la vue qui pour le coup est de toute beauté mais avec ce vent, impossible de relâcher mon attention de mes pieds (qui sont eux moins de toute beauté). Je regarde les autres coureurs, la photo vaudrait le coup: on court tous penchés à 45 degrés. Pour aller droit, facile, il suffit de faire comme si on tournait à 90 degrés! C'est rigolo cette histoire mais c'est épuisant. Je rêvais avant le départ qu'on ne nous shunte pas les crêtes (comme un moment envisagé), je rêve maintenant de la route en contrebas, bien plate, bien droite, bien chiante... mais bien à l'abris de ce $!#$*# de vent!
On quitte (enfin!) les crêtes et la neige au K23, juste avant le ravito du chalet Reynard. Je vois Cyril juste devant moi qui s'arrête. Qu'à cela ne tienne, j'en profite pour le doubler sans m'arrêter. Il a voulu la guerre, il l'aura! :) On continue à descendre pendant quelques km puis suivent 10km de montagnes russes qui vont s'avérer interminables pour mes jambes de grenouille en ce début de saison. Ca monte, ça tourne, ça monte, ça remonte, ça tourne, ça remonte. Mais p***** quand est-ce qu'on descend??? Il fait de plus en plus chaud (choc thermique assuré: plus de 20 degré d'écart avec le Ventoux où j'étais 1h plus tôt!). Je souffre, inutile de le préciser! Mais le parcours est vraiment sympa, jamais monotone, je tiens. Je passe le 3ème ravito, m'arrête à peine. Je veux juste en finir! Je rattrape presque une féminine (je ne la reconnais pas mais c'est Mélanie Rousset avec qui je me suis perdue l'an dernier presque au même endroit!). Elle n'est pas loin mais je n'arrive pas à la rejoindre. Je commence à avoir les jambes sacrément dures. Au dernier ravito, K36, c'est une autre féminine (Christine Grosjean) qui me double. Elle en a vraiment gardé sous la pédale car son rythme est impressionnant, belle gestion de course!
Arrive enfin la combe de Maraval, c'est la descente infernale! C'est raide et caillouteux mais magnifique, des grottes, des canyons, des rochers. Je double quelques coureurs mais pourtant je vois bien que j'ai perdu en descente. Il faut dire que je n'ai fait aucune descente un peu technique depuis 5 mois, date de ma dernière compet dans les causses. C'est bien beau de faire une pause hivernale mais ça fait mal aux cuisses!
Les derniers km sont plus plats, malgré quelques coups de cul. Il faut relancer et je n'y arrive plus. Crevée la gonzesse. Deux coureurs me doublent, peu importe. Je franchis la ligne après 6h19, 10ème F, 124/588 (21%) au scratch. Mayou et Cédric sont déjà là évidemment. Pierre aussi mais lui a triché, il a fait le petit parcours! ;) Laurianne arrive une dizaine de minutes plus tard (bravo, super course!), suivi de Cyril qui aura eu un gros coup de chaud sur la fin.
Le podium de la dream team de Bélézy... en partant de la fin! |
Bon mais avec tout ça, je ne suis toujours pas vraiment montée au sommet du Ventoux!!! Je crois bien qu'il va falloir que je revienne...