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Sur la ligne de départ, il y a une ambiance incroyable, comme chaque année en fait. La foule qui crie et tape des mains, Ludo au micro qui met l'ambiance, la musique de Vangelis en mode rock - quelles émotions! Je pense qu'on en a tous les cheveux qui se hérissent sur la tête (sauf Gedi! :)).
Photo: AFP |
Allez hop c'est parti pour le tour du gros caillou. Je franchis les premiers mètres sans encombre, contrairement à d'autres: 2 chutes à gauche, 2 à droite (balle au centre) dans les 50-100 premiers mètres. J'ai bien fait de me positionner au milieu! Certains seront contraints d'abandonner peu après - j'ai connu ça aussi. Il va vraiment falloir que l'UTMB change son départ! (Catherine P, si tu me lis...)
Les 35 premiers km de course sont monotones et sans grand intérêt mais je le sais et gère plutôt bien. Seul moment très sympa, les 20m avec Buddy de Hammer Europe à Saint Gervais. Il faut voir comme il est survolté! Il hurle, il crie, il m'encourage en gesticulant. Je suis 150ème mais j'ai l'impression d'être première!
Arrivée à Notre Dame de la Gorge, je pousse un ouf de soulagement: c'est enfin ici que la course commence. Je sors les bâtons et c'est parti mon kiki pour une nuit en montagne. La nuit se passe bien. Le ciel est clair et il fait bon. Et dire que l'orga nous a obligé à prendre le kit hivernal! La 3ème couche que j'ai dans le sac est pour l'occasion bien superflue. La 2ème aussi d'ailleurs! J'avance régulièrement et gagne quelques places mais sans le "vouloir" car l'objectif cette nuit est de faire la course à mon rythme. On verra plus tard pour jouer le classement.
Dans la descente vers Courmayeur, la batterie de ma frontale rend presque l'âme mais Emy Lecomte a la gentillesse de mettre la sienne en mode boost pour que je puisse me caler dans ses pas. Merci à elle pour le geste, j'apprécie! Au ravito je retrouve mon grand frère et Cyril. Changement de pneumatique, ravitaillement, nouvelle frontale et c'est reparti. Je sais qu'un gros morceau m'attend jusqu'au prochain point d'assistance, dans plus de 7h.
Breakfast time! Photo: Adrien Blanchet |
La montée au refuge Bertone est raide. Comme tous les ans en fait. Bizarrement, la montagne ne s'arrondie pas au fil des ans (contrairement à d'autres ;)). J'arrive à Bertone presque en même temps que deux autres féminines, Catherine Bradley et Beth Pascall. Ce sont des meilleures coureuses que moi et je me dis que c'est l'occasion d'essayer de m'accrocher à elles. Elles sont un peu devant moi mais j'arrive à tenir. C'est cool de voir que j'ai bien progressé sur les parties roulantes (merci Guillaume!). Même s'il reste encore du boulot!
A Arnuva commence la montée au grand col Ferret que je redoute tant. C'est là que j'avais explosé comme du pop-corn lors de ma 1ère participation en 2013. En 2016 j'avais encore bien souffert. En 2017, j'avais déjà abandonné! ;) Cette année se passe mieux. Par contre le vent souffle fort et il fait un froid glaçant. L'herbe est congelée, les rondins de bois couverts de glace. Nous sommes en short t-shirt dans ces températures largement négatives... Disons que c'est une expérience.... revigorante!
Au col, je bascule le plus vite possible: objectif sortir au plus vite de ce congélateur. A la Fouly, je retrouve ma team de supporters: mon frère, Cyril, Nicole et Robert. Je souris jusqu'aux oreilles. Tout se passe parfaitement pour le moment. C'est de bon augure ça! Mon frère me briefe sur les écarts. Je lui avais demandé de me donner les temps des deux filles juste devant et juste derrière mais dans sa générosité et son euphorie, il doit bien me donner les 25 premières féminines! J'ai des chiffres pleins les oreilles!
Séance stat avec mon frère! |
Au ravito de la Fouly, j'ai la surprise de voir la diffusion d'une vidéo d'encouragement que Cath et Nini ont enregistrée pour moi. J'explose de rire en entendant Cath dire "Allez Juliette, tu dois être presque arrivée là non?". C'est à dire qu'il me reste encore un petit 10h de course......
Je rejoins Jocelyn Pauly peu avant Praz de Fort mais dès qu'elle me voit, elle remet un coup d'accélérateur et de toute évidence nous n'avons pas le même moteur car je ne peux la suivre. Il faut dire que bizarrement mon moteur commence à prendre l'eau. Je ne comprends pas, il y a quelques minutes encore je me sentais dans une forme olympique et voilà que maintenant les gambettes me brulent. Rien d'anormal en soi me direz-vous, j'ai la bagatelle de 120km dans les gambettes. Mais ce passage de jambes de feu à jambes de bois a été particulièrement rapide cette année. Je ne l'explique pas vraiment. Peut-être en léger sûr-régime depuis Bertone à vouloir suivre Beth et Catherine? Toujours est-il que sans exploser, je subirai beaucoup plus les 50 prochains km.
A Champex je re-retrouve mon team de supporters. Changement de chaussettes (plus par précaution que par nécessité), ravito, pluie de statistiques et c'est reparti. Je n'oublie pas de lancer à mon team d'assistants: "au prochain point, ravito express, je ne m'assois pas!". Ca les fera bien rire. Que voulez-vous, j'ai peut-être plus des gambettes de folie à ce moment là mais dans la tête je suis toujours à fond!
Lunch time! Photo: Adrien Blanchet |
J'ai la surprise de voir Hassein dans la montée suivante sur Bovine. Exactement comme en 2016. La même bouille, au même endroit. Et le même plaisir de le voir.
A Trient, je fais un ravito express, évidemment sans même m'asseoir ! Je n'ai qu'une parole! :) La montée qui suit vers les Tseppes est une nouveauté car le chemin habituel est impraticable. En fait ce n'est pas dur, c'est tout droit. Si si là, c'est bien ça, sur ce vague chemin plein de cailloux qui roulent avec une pente au % affolant! Oui l'UTMB c'est roulant mais pas partout!
A Vallorcine je retrouve ma team de supporters et l'avalanche de chiffres qui va avec. Avec toutes ces stats, l'UTMB, ça ne me change finalement pas trop du boulot! ;) Ravito express toujours sans m'asseoir et je repars pour la dernière bosse. Celle-ci est entièrement nouvelle jusqu'à la Flégère pour cause d'éboulement sur le chemin de la tête au vent. C'est en fait deux bosses pour le prix d'une, entrecoupée d'une descente d'anthologie au milieu d'un capharnaüm de rochers et de racines. Tout ça après 150km de course. Et ben, ils n'ont pas froids aux yeux quand même sur l'UTMB! Arrivée presque à la Flégère, je reçois un SMS de mon frère avec cette fois une seule stat: je viens de reprendre 15' depuis Vallorcine à Katia Fiori qui me précède. J'ai encore 20' de retard mais qui sait... ça se tente! Je donne tout dans la descente malgré des gambettes bien fatiguée mais ce sera encore insuffisant (8' d'écart au final). Le principal était de le tenter!
Je rentre dans Cham et j'aperçois la ligne d'arrivée. Il y a des centaines de spectateurs qui m'encouragent, qui crient, qui tapent dans les mains et les barrières. Quelle ambiance! C'est la première fois que j'ai droit une arrivée comme ça. C'est géant! Je franchis la ligne sur un saut de joie qui vient du fond du coeur. 26h48, 6ème femme, 45/1779 (2.5%). Happy!
Alors, heureuse? Photo: Twitter vibram |
Un énorme merci à ma famille qui m'a suivie: Cyril pour son assistance parfaite (tant qu'il n'est pas en charge des photos...), mon frère pour ses encouragements, sa présence et ses stats exhaustives ;), Nicole et Robert pour avoir attendu des heures dans le froid pour m'entrapercevoir quelques secondes, ma mère "qui ne veut pas savoir" mais qui est la première à me féliciter, mon père qui me suit à distance sans le son (private joke). Merci évidemment à Guillaume pour sa prépa. Et un grand merci à ceux qui me soutiennent et me permettent de vivre des émotions si intenses: vibram, NaïtUp et Hammer Europe. C'est beau le trail !
Et merci, un grand merci à vous, qui étiez sur le bord du chemin et m'avez encouragée. Si vous saviez comme ça nous porte! Merci, merci, du fond du coeur. Ca donne déjà envie de resigner pour l'an prochain! ;)
Photo: Christophe Angot Photossports |