mercredi 26 août 2015

La TDS: après la pluie, le beau temps

Retour sur la TDS, tout juste 3 ans après ma participation à une édition apocalyptique où il avait plu ou au mieux neigé durant toute la course. Près de 20h à me geler les tétons... croyez-moi ça forge le caractère!  Au programme du jour 119km pour 7200m+ entre Courmayeur et Chamonix. Une grande balade (de malades).



Lorsque j'arrive à Cham' deux jours avant, je me dis que je suis en forme, Alain m'a bien préparé donc physiquement je suis assez sereine. Mais ce qui me fait plus peur c'est l'ampoule au talon contractée lors de l'ultra sky-race, ma dernière course, 5 semaines plus tôt et qui est encore visible même si je n'ai plus mal. J'espère que ça va passer car ça me ferait quand même bien mal au c** de devoir bâcher pour une histoire de peau! Bref je ne suis pas complètement sereine mais qui l'est vraiment à l'approche d'une grosse échéance?

Le départ est donné à 6h du mat' sous un beau ciel étoilé et une belle lune ronde. Ca s'annonce bien cette histoire! Il fait petit jour et je n'ai même pas besoin d'allumer la lampe. 3km de goudron presque plat pour se mettre en jambes, puis on attaque la première montée sur une piste. Puisque je ne sais pas faire autrement, je pars tranquillement. Après 1h de piste jusque Maison Vieille, je suis contente de voir enfin le premier single. On continue l'ascension jusqu'à l'arête du Mont Favre (1h40 de course), descente jusqu'au lac Combal (2h04) puis remontée jusqu'au col Chavanne (2h54). Les paysages sont grandioses. Pas d'ampoule à l'horizon, les jambes sont bien, la vie est belle!

Dans la descente qui suit on rattrape rapidement une large piste qu'on ne quittera plus jusque l'Alpetta. C'est une descente en pente douce, sans grand intérêt et que je trouve bien monotone. J'ai des fourmis dans les baskets, une furieuse envie de singles et de cailloux. C'est grave docteur? On retrouve un sentier plus sympa pour la montée vers le col du petit St Bernard (4h40). Au col je m'octroie facilement 1 seconde 30 pour admirer la vue avec le lac Verney en contrebas d'un bleu magnifique. Bon c'est pas tout mais il me reste 80km à (par)courir...

La bagatelle de 1300m D- jusque Bourg Saint Maurice (5h58) qui est le premier point où l'on peut recevoir de l'assistance. Je retrouve Cyril comme toujours fidèle au poste. Nokage des pieds pour assurer plus que par nécessité, changement de chaussettes, remplissage des flasks et des poches et c'est reparti (10' d'arrêt quand même).

Sortie du ravito (photo: Cyril Pérot)

En sortant de la tente, une souffle d'air chaud me surprend. La vache, ça tabasse! Il est midi et pas un nuage à l'horizon. Je me dis qu'il va falloir faire attention à la bibine car nous attendent plus de 3h sans un pet d'ombre jusqu'au prochain ravito. La montée jusqu'au fort de la Platte (7h42) pourrait être sympa en temps normal mais c'est pas loin d'être un calvaire avec cette chaleur. Surtout que mon frère qui n'a pas lâché le livetrail depuis le départ (refresh refresh refresh), m'annonce par SMS que la fille derrière est repartie 4' derrière moi du ravito. Je fais donc de mon mieux pour avancer sous ce soleil de plomb. Bon finalement c'était pas si mal la pluie! Quels râleurs ces traileurs!

J'atteins le Passeur de Pralognan (9h03) qui est le plus haut point du parcours et pas loin d'être le plus joli aussi. Je me souviens qu'il y a 3 ans ici c'était le déluge et que je ne cessais de me demander "putain mais qu'est ce que tu fous ici!!!!". Cette année je savoure, qu'est ce que c'est beau! La descente qui suit est au début caillouteuse et périlleuse, avec quelques passages de cordes, avant de rejoindre une piste jusqu'au Cormet de Roselend (9h35).  

Dans la descente vers le Cormet de Roselend (photo: Cyril Pérot)

Jusqu'ici je suis mitigée sur le parcours. Les paysages sont un vrai plaisir des yeux, aucun doute là dessus. Mais côté parcours c'est couci-couça: des parties très sympas sur des singles mais entrecoupées de pistes qui me plaisent moins. Les 20km qui suivent seront mes préférés. Une piste puis un sentier nous mènent jusqu'au col de Sauce, suivi d'une descente sauvage jusque la Gitte (10h53), puis une remontée non moins sauvage jusqu'au col Est de la Gitte. Encore quelques petites bosses sympas et je rejoins le ravito du col du Joly (12h47). Ces 20 derniers km m'ont enchantée avec un parcours sauvage comme je les aime. C'est sûrement lié mais, alors qu'on a déjà crapahuté plus de 100km, je m'étonne de mon état physique: plus les km défilent, plus je suis en forme! Chaud devant, j'arrive!

La descente jusqu'aux Contamines (13h51) se fait sans problème, je suis toujours aussi bien dans mes baskets. Je retrouve Cyril pour le 2ème point d'assistance. En bon compétiteur il me dit "tu peux prendre ton temps, ne t'inquiète pas, les filles derrière sont loin et celle devant à 45' ". Mais ça fait longtemps que j'ai compris que cette 3ème place féminine, sauf accident, ne devrait pas m'échapper. Mais tu sais quoi Cyril, je m'en fous! Moi ce que je veux c'est donner mon max, jouer le chrono, me dire que je n'aurais pas pu faire mieux! Et donc action: arrêt express au ravito et c'est reparti, frontale sur la tête et musique dans les oreilles (mon habitude pour les parties de nuit).

La montée jusqu'aux chalets du Truc se passe merveilleusement bien. J'ai le droit à un coucher de soleil magnifique, ciel orangé sur les montagnes vertes. Plaisir des yeux et des oreilles avec les valses de Strauss dans les tympans. Aux chalets de Miage il fait presque nuit mais la luminosité est suffisante pour admirer les pâturages et le glacier. Décidément, ce coin est un vrai paradis! J'aborde la montée vers le col du Tricot sur-motivée mais avec une certaine appréhension: c'est précisément là, sur ces 550m de D+, que j'avais craqué il y a 3 ans sur la TDS. Après 17h sous la pluie à lutter contre le froid, sous-alimentée et grelotante, cette montée m'avait littéralement achevée. Cette année il n'y a pas de doute, je l'aborde dans un bien meilleur état physique et moral. C'est raide mais j'en viens à bout finalement assez facilement (15h43).

Courte descente, dernier coup de cul jusque Bellevue avant d'aborder la dernière descente jusqu'aux Houches. Je m'arrête à peine au ravito, juste le temps de remplir une flask.

A la sortie du ravito des Houches (photo: Cyril Pérot)

C'est parti pour les derniers 9km, sans difficulté aucune. Je me surprends à bien courir même dans les bosses. Ohlala mais qu'est ce qu'il m'arrive? Voilà Chamonix puis la ligne d'arrivée, franchie après 17h52 de course en 3ème place féminine, 22ème/1214 au scratch (2%). (vidéo Christophe Angot)




Je suis presque étonnée de mon état de fraicheur à l'arrivée. J'aurais pu faire encore pas mal de km comme ça. Il faut croire que c'était finalement trop court! Ou bien que je ne suis pas partie assez vite, comme me le dira Alain plus tard... Peu importe, je suis très heureuse de cette course bien gérée. Dans mes rêves j'osais espérer 18h30, je mets 17h52. Rien à dire à part sourire.

Pour finir, tous mes remerciements:
- à l'organisation et aux bénévoles qui franchement ont fait un super boulot. Certes, l'événement UTMB c'est un peu le disneyland du trail, on aime ou on aime pas, mais côté orga, je n'ai pas grand chose à redire. Le balisage était juste parfait, je n'ai pas hésité une fois en 120km.
- à Alain pour avoir réussi à m'emmener à la TDS dans une forme que je n'avais jamais connu auparavant. Ah ça, j'en ai bouffé des week-ends chocs mais ça valait le coup!
- à Cyril, mon manager en carton, pour l'assistance et les initiatives pas toujours heureuses. Merci pour l'Hépar, les buissons s'en souviennent encore.
- à mon frère qui a fait chauffer l'ordi pendant 18h et m'a brieffé sur chaque écart (pas moins de 8 SMS au 1er pointage!). Merci aussi à ma belle soeur Jenny de supporter ça. Désolée mais en épousant mon frère tu as signé pour tout le package Blanchet... et je ne suis peut-être pas la pire! :)
- à tous ceux qui m'ont soutenue et encouragée, en direct et à distance. Vous étiez nombreux devant le livetrail et ça fait chaud au coeur!

Prochaine échéance pour finir la saison en rigolant un peu: les 100 Miles Sud de France!

samedi 15 août 2015

Ultra nutrition

Je me suis amusée à faire le compte de ce que j'ai bu et mangé sur mon dernier ultra, en l'occurrence l'ultra sky race. Ca fait un peu peur (j'ai vraiment mangé tout ça???) mais c'est un exercice instructif. Pour ce qui est des produits Isostar, voici un rendu graphique:

Produits Isostar, miam!

A cela s'ajoutent:
- 1 petit sandwich au carré frais, au km 36
- quelques bouts de pomme de terre et patate douce, au km 62 
- 3 gommes Gü, au km 80 
- 1L d'eau pure tout au long de la course (ravito sauvage dans les rivières!)
- 12 comprimés de sporténine, environ 2 toutes les 2h 

Le total fait un peu peur: 3400 kcal!! Mais il faut dire aussi que c'était long (14h45, soit 230 kcal/h). Cela ne m'a pas empêché d'avoir une faim de loup à l'arrivée (vive les pizzas italiennes) et de me lever deux fois durant la nuit pour manger (comme après chaque ultra)!

Il n'y a malheureusement pas de solution universelle pour la nutrition sur ultra. C'est un point délicat et c'est à chacun de trouver ce qui lui va bien. On apprend d'ailleurs beaucoup au fil du temps. Sur mon premier 100km, je n'ai presque rien réussi à avaler. J'en ai fait du chemin depuis lors (dans tous les sens du terme)! Quelques éléments pour ma pomme:
- j'essaie de varier le plus possible ce que je mange. Je prends rarement plus de deux fois le même produit sur une course. Ca me permet d'éviter l'écoeurement en variant les goûts et les textures.
- au contraire je suis une grande fan de la boisson cranberry isostar et si j'ai l'occasion d'avoir beaucoup d'assistance, je ne bois en fait que ça! Ce fut le cas sur les 34h de la diag'.
- en général le solide passe bien en début de course (barres), puis au fil de la course je passe de plus en plus au mou/liquide (compotes puis gels). C'est aussi pour ça que j'ai tendance à plus concentrer ma boisson en fin de course qu'en début (quoique je sous-dose les quantités prescrites par les marques de 20 à 30%!)
- j'aime bien couper régulièrement (environ toutes les 5h) le sucré avec quelque chose de salé que je pourrais manger dans une vie normale: petit sandwich, pomme de terre et patate douce, parfois même crêpe de sarrazin jambon-fromage (y a pas de mal à se faire plaisir :))! J'essaie notamment de manger quelque chose de salé aux horaires habituels de repas (12-13h, 19-20h)
- à chaque point d'assistance, j'aime bien prendre une boisson "reload", environ 200mL (en l'occurrence aux km36, 62, 77). Si je n'ai pas d'assistance pendant longtemps, j'emporte avec moi un petite flask de 150mL que je bois à un ravito. C'est d'ailleurs ce qui sur ma course m'a apporté le plus d'énergie: 550 kcal pour 750mL de boisson.
- je n'en ai pas pris cette fois, mais si à un moment j'ai une petite envie de vomir, je prends quelques pastilles de vichy menthe. C'est aussi un bon moyen de se réveiller, j'en ai pris beaucoup sur la 2ème nuit de la diag'.

Mais s'il n'y avait qu'une seule chose à retenir, ce serait qu'il faut se faire plaisir même en mangeant sur une course. Tous ces produits que j'ai pris, je les apprécie. Alors si à un moment de la course un carré de chocolat ou un morceau de sauc' vous dit, allez y, c'est permis! :)