dimanche 26 mai 2019

Trail du Hautacam 2019 - Attrape moi si tu peux!

Aujourd'hui c'est mon pèlerinage annuel trailesque dans les Pyrénées. Je fais presque tous les ans une compet' chez nos amis pyrénéens parce que j'aime changer et voir de nouveaux coins et parce que j'en ai marre d'entendre dire que les gens des Alpes ne viennent jamais courir dans les Pyrénées. Moi si, na! Donc après le GRP, la Black Mountain Race et plusieurs participation aux Citadelles, aujourd'hui j'innove avec un trail que je ne connais pas dans un coin que je ne connais pas: le trail du Hautacam 62km 4200+.

[voir le parcours sur tracedetrail]

Je suis en bonne compagnie puisque j'ai emmené mon frère dans ma camelback. Non pas pour m'assister puisque aujourd'hui ce sera sans assistance (oh my god, sais-je encore comment s'ouvrent les flasques??). Mais parce que lui aussi va mettre le dossard sur la version maratrail 42km 2600+. Ce sera son premier marathon. Son départ est 2h après le mien et un calcul rapide me fait dire qu'il devrait arriver avec moi mais je suis joueuse et le défie: "le premier de nous deux qui arrive à Beaucens a gagné". Comme nos "le premier de nous deux qui arrive au fond du jardin a gagné" quand nous étions petits (à pieds, en rollers, en vélo, sur une jambe, sur un bras!). Autant vous dire que je ne suis jamais arrivée la première au fond du jardin! Est-ce qu'aujourd'hui serait le-jour-où-j'ai-réussit-à-gagner-un-défi-contre-mon-frère?

5h à Beaucens donc, le départ est donné. Quelques mètres de bitume et on commence déjà à grimper. Une petite bosse pour s'échauffer, puis on attaque la grosse bobosse qui nous mènera jusqu'au pic Nerbiou (1300D+). On est très rapidement en terrain dégagé et la montée se fait presque intégralement sur les crêtes. Un début de parcours qui m'enchante: des monotraces à gogo et la montagne presque pour nous tous seuls. Ca me fait extrêmement plaisir d'être là. C'est finalement mon 1er trail en montagne de 2019 et ça m'avait manqué! Dommage que les nuages nous bouchent la vue car je suis sûre que ça doit être somptueux.


Montée au pic Nerbiou. Photo: organisation

La descente jusqu'au bois d'Isaby est pour le moins humide. En fait ce n'est pas dur, les pluies diluviennes d'hier ont transformé les chemins en  torrents. Au début j'essaie d'éviter de me mouiller les pieds mais je comprends vite que c'est peine perdue.

La montée jusque Soum de la Siarrouse se fait de nouveaux par les crêtes sur des monotraces plus que sympas. Suit une descente en aquaplanning vers le joli lac d'Isaby puis 10km à flanc de colline où il faut essayer de courir quand la boue et les mares naturelles le permettent. La descente depuis Courtalet jusque Gazost est toujours aussi belle mais elle casse bien les gambettes (1200D-)!

A la vue du parcours, je me demandais si le 62km "valait le coup" par rapport au 42km puisque la seule différence est la dernière bosse. Va-t-elle réellement apporter quelque chose? La réponse est oui! Et même un grand oui! Car cette montée jusqu'au Pic d'Hautacam est juste splendide. 8km de crêtes en monotrace, du bas jusqu'au sommet! Mes yeux et mes pieds se régalent, même s'il est vrai que les gambettes commencent à couiner. Il faut dire qu'après 50km, elle est dure cette montée, et on n'en voit jamais le bout!

La descente qui suit est raide sur le début puis, quand on rejoint le 42km, assez roulante. Je relance et jette mes dernières forces dans cette descente. Je double plusieurs coureurs et coureuses du 42km mais ne vois pas mon frère. Je me doute qu'il est loin devant mais on ne sait jamais, avec un peu de chance il aura craqué!! :D

A quelques mètres de l'arrivée, je le vois, changé et sec, un grand sourire aux lèvres. Il est arrivé depuis près d'une heure... Encore battue!! Bravo grand frère!

Haut les mains et bas les pattes! Photo: organisation

Je passe la ligne en 9h49, 1ère femme, 21/150 scratch (14%). Le chrono n'est pas folichon mais satisfaisant pour aujourd'hui car j'ai fait une bonne course sachant que je suis dans un gros bloc d'entrainement en vue du prochain ultra: prochain RDV dans les cailloux du Carroux pour la 6666 occitane

samedi 4 mai 2019

Tchimbé Raid 2019 - Quelle aventure!

12h passé de quelques minutes, j'attends avec 150 autres concurrents sur le stade (quelque peu tristounet) de Saint Pierre. Devant, nous attend le Tchimbé Raid, 103k et 5600+ à travers la partie nord de la Martinique.

[Voir le parcours sur tracedetrail]


Briefing pré-course de Roger, avec Yann et Hortense. Photo: organisation.

Le départ est donné. Dès les premiers mètres, je sens que les jambes ne sont pas mauvaises, c'est cool! Mais quelques minutes plus tard, je commence déjà à déchanter: nous sommes partis depuis 1km à peine et je suis déjà en nage. "En nage" est un euphémisme - en fait je suis une flaque sur pattes! Je suis trempée du bout des cheveux au bout des orteils. Moi qui d'habitude ne transpire pas! Mais de toute évidence je ne supporte pas bien ce départ sous la chaleur, surtout qu'il n'y a pas un brin d'ombre. J'ai mal à la tête et toutes les peines du monde à respirer, je suis au bord de la crise d'asthme. J'ai l'impression que tout mon corps rayonne de chaleur. Je suis un filet mignon dans un four à vapeur.

Hortense me double et je ne peux absolument pas la suivre puisque même sur le plat, je marche. Assommée par la chaleur. Je me dis qu'il va falloir réussir à refroidir la machine car je ne tiendrai pas 100km comme ça. Elisabeth et un groupe de coureurs me rejoignent. J'essaie de m'accrocher comme je peux au groupe. Est-ce que qqun aurait l'amabilité de sortir la corde et de me tirer siouplé? Peu après on bifurque pour un court mais intense passage de jungle. C'est méga raide, il faut enjamber des arbres, sauter dans la boue. Ce n'est plus de la course, c'est du hors-piste dans la jungle et ça m'amuse énormément. C'est tellement différent de ce que je fais habituellement! Je lâche un élégant "putain, c'est trop bien!". Je suis comme une gamine devant son premier G.I. Joe (non? ah bon?). Un coureur me dit que si ça me plait ici, je vais me marrer sur la 2ème partie de course. Cher coureur, je ne sais pas qui tu es mais saches que si tu passes par là, c'est toi qui a sauvé ma course. Car avant cela j'étais dans un mode négatif "il fait trop chaud, je ne vais pas réussir". A partir de là, je passe en mode guerrière: "je vais la finir cette course et elle va être inoubliable"!

Mode guerrière ON! Photo: organisation.

Il faut dire également qu'à mesure qu'on grimpe la Pelée, la température redescend. En haut (km13), on est même dans un épais brouillard avec du vent frais. Je soulève le tshirt autant que je peux pour refroidir le haut du corps. Si j'osais je courrais nue! :) Le moteur commence à refroidir, le rythme devient meilleur. En haut de la Pelée, on doit voir à 10m. Pour la vue imprenable, il faudra revenir!

Le début de la descente est extrêmement technique, voire même un peu dangereux mais c'est exactement ce qui m'amuse. Je double plusieurs coureurs. Un coureur me rattrape avec un "allez toupine!". C'est Christopher qui s'est perdu dans la montée. Dommage pour lui mais le voir m'a fait sacrément plaisir! Surtout que peu après on rejoint Hortense. Les trois toupines ensemble! :)

Christopher prend la poudre d'escampette et je double Hortense qui préfère assurer dans la descente. Il est vrai que ce début de descente est joueur. Si c'est tout le temps comme ça, ça promet! En fait à mi-descente le chemin devient plus raisonnable. On longe des bananeraies avec une vue sympa sur l'océan. Après Macouba (km23), c'est reparti pour plusieurs petites bosses sans difficulté. Je cours un peu mais moins que ce que je devrais. La température a baissé mais sur cette partie je me fais moins plaisir et donc je suis un peu moins motivée. Il faut dire que le semi entre Macouba et Ajoupa Bouillon (km44) est un peu monotone. Enfin il faut aimer les bananeraies... et les bananes! (private joke :))

Photo: organisation.

C'est à Ajoupa Bouillon qu'on rejoint la jungle. A partir de là, la course entre dans une autre dimension intergalaxique. En fait, ce n'est plus une course, c'est Koh Lanta. Il fait nuit, je suis seule avec ma frontale dans la jungle. Enfin seule, pas tout à fait car à en croire le brouhaha incessant, il doit y avoir quelques centaines de petites bébêtes autour de moi. Ca crie, ça bouge, ça saute dans les arbres. Je ne m'inquiète pas car on m'a dit qu'il n'y avait pas d'animaux dangereux. Enfin bon, j'ai quand même reconnu le cri d'un tigre, d'un lion, voire même d'un crocodile! Parole de grenobloise!

Le chemin est à peine tracé mais les nombreuses rubalises nous montrent la direction. Il faut enjamber certains arbres, passer sous d'autres, sauter de racines en racines, traverser des rivières et des mares de boue. C'est fun mais ça n'avance pas! Le clou du spectacle se situe après Rivière Lézarde (km70) avec une pente ultra raide en glaise, sur laquelle les pieds n'ont aucune prise. Je monterai à la force des bras, en me tirant sur les arbres et tout ce que mes mains peuvent agripper. Un truc de fou! Là je me dis que les organisateurs sont joueurs! Je pense que certains vont rester coincés en bas!

A partir du village Colson (km83), je connais puisqu'on a fait la reco il y a 2 jours avec Julien, Sangé et Yann. Il ne reste que 15km, principalement descendants, mais je sais qu'ils vont être longs (2h30 en l'occurrence). Boue, racine, slalom entre les arbres. C'est en quelque sort le bouquet final de la course, tout ce qu'on a eu de plus dur, condensé en quelques km. Et toujours ce brouhaha incessant des petites bébêtes qui m'a suivi toute la nuit. J'en ai presque mal à la tête!

Me voilà dans Schoelcher. Quelques centaines de mètres de bitume et je franchis l'arrivée. 16h25, 1ère femme, 8/117 au scratch (7%). Je suis super contente. Quelle course! Enfin non, quelle aventure!

Le sourire de l'arrivée. Photo: organisation. 

Evidemment en premier lieu, je voudrais remercier l'organisation, notamment Roger, Michel et Laurence. Merci pour l'invitation mais plus encore pour m'avoir fait vivre cette folie. La 2ème moitié de course est tellement hallucinante! Ca dépoussière! J'encourage tous ceux qui commenceraient à tourner en rond avec les trails en Métro ou équivalent à venir sur le Tchimbé. C'est tellement différent, tellement rafraichissant. Enfin pour l'esprit! 

Merci également aux martiniquais pour leur accueil. Vous avez été tous extrêmement chaleureux et bienveillants. Ca fait un bien fou! Je reviendrai, c'est sûr! Bébêche m'attend! :)

Et enfin merci au toupins et aux toupines. De bien belles rencontres!

Prochain épisode sur le trail du Hautacam pour le pélerinage (presque) annuel dans les Pyrénées.