vendredi 1 septembre 2017

UTMB 2017 - Badaboum!

Me voilà de retour sur l'UTMB pour la troisième fois. Moi qui avais l'habitude de dire que je n'aimais pas refaire les mêmes courses... Il faut croire que je l'aime celle-là! J'ai un peu de pression cette année car je sais que faire mieux qu'en 2016 sera difficile - au moins au niveau du classement. Pourtant je suis assez confiante car j'ai fait une très bonne prépa et je trouve les gambettes particulièrement affutées cette année. La météo ne s'annonce pas terrible, si bien que le parcours est très légèrement raboté du col des pyramides et de la tête au vent mais l'essentiel est bien de faire le tour du gros caillou! (NDLR: pour ceux qui en auront l'occasion...)




Le départ de l'UTMB est toujours quelque chose d'extraordinaire. Il y a une foule impressionnante, ça crie, ça tape, franchement cette course je la fais sûrement plus pour les 10 minutes avant le départ que pour la descente sur la Fouly! On se croirait tous des champions du monde!

Direction le départ avec les copains du team (Gedi, Yulia et Nic). Photo: Christophe Angot pour photosports.

Comme toujours Ludo fait monter l'ambiance. La musique de Vangelis retentit. C'est la 3ème fois et pourtant ça me fait toujours autant de frissons! 5-4-3-2-1 c'est parti!

Je suis dans les 1ères lignes et dès le départ je suis bousculée. Dis-donc il y en a derrière qui sont sacrément excités. Juste devant moi je vois un concurrent qui filme la foule en courant sans même regarder devant lui. Je me dis qu'il est inconscient vu la densité de coureurs. Et à ce moment là... Badaboum!!! Je n'ai rien compris mais j'ai été retournée comme une crêpe. Atterrissage violent les deux genoux sur le bitume. Je n'ai rien vu mais quelque chose (bâton?) m'a attrapé le pied droit par derrière. Le croche-patte parfait au moment parfait. La chute est violente car je n'ai même pas le temps de mettre mes mains devant pour amortir. Tellement violente que ça me résonne jusque dans la tête et que dans un 1er temps je crois que c'est la tête qui a tapé. Je suis sonnée, je ne comprends rien. Un spectateur me relève et me dis qu'il ne faut pas rester là. Merci à lui!

Je repars donc mais d'emblée j'ai mal. Dans un 1er temps c'est surtout au genou droit, sur la rotule, et dans une moindre mesure au genou gauche, un peu latéralement. Je me dis que ce n'est peut-être qu'un bleu et que ça va passer. Seulement la douleur au genou gauche augmente et ce n'est pas bon signe. Pourtant je cours bien et arrive aux Houches sans même m'en rendre compte. Moi qui d'habitude souffre sur le plat, j'ai la satisfaction de voir que j'ai bien progressé cette année là dessus.

Dans la montée au Délevret j'appelle Cyril pour lui dire que j'aurai besoin d'une bombe de glace aux Contamines. Je le rassure en lui disant "ce n'est rien ce n'est qu'un bleu". Politique de l'Autruche car je vois bien que courir est de plus en plus douloureux. Notamment dans la descente sur St Gervais où plusieurs concurrents me doublent alors que c'est normalement mon point fort.

A St Gervais la foule est impressionnante. Je tape dans quelques mains d'enfants, tente d'esquisser un sourire mais la tête est ailleurs "est-ce que c'est grave? est-ce que ça va tenir? P***** FAIT CH***!"

A St Gervais, quand je pouvais encore courir... Photo: Christophe Angot pour photosports. 
Quelques km plus tard, je rejoins Nic aux Contamines pour le 1er point d'assistance. Pendant que je me plains (et maudis le coureur inconnu qui m'a fauchée...), Nic me bombe généreusement de froid, échange mes flasques, me remplit mes poches. Tout ça en quelques secondes chrono et sans rien dire. Puis "allez c'est bon tu peux repartir". L'assistance digne d'une formule 1, malheureusement aujourd'hui pour des pneus crevés! Je repars en me disant qu'il faut que je sois à la hauteur. Allez petite, ça va aller, arrête d'y penser, sois positive!

Surtout que la bombe de froid fait son effet et pour la 1ère fois j'ai moins mal. A Notre Dame de la Gorge, je vois Cyril et mes beaux parents et leur dis "ça va beaucoup mieux, apportez la bombe à Courmayeur". Que je n'atteindrai en fait jamais...

A Notre Dame. Photo: Christophe Angot pour photosports. 

C'est à Notre Dame que les choses sérieuses commencent avec une montée de 1250m en 10km. La montée se passe plutôt bien puisqu'il s'agit de marcher et à la marche les genoux me font moins mal. Il fait très froid en haut mais je suis parfaitement équipée (Tshirt manches courtes ceramiq, coupe vent sans manche et veste crazy). Je n'ai pas du tout froid alors que les coureurs autour de moi grelottent. Avoir un bon équipement fera clairement la différence aujourd'hui!

Dans la descente qui suit, je douille. L'effet de la bombe de froid a disparu depuis longtemps. J'ai mal au genou, surtout le gauche que je plie de plus en plus difficilement. Mais en fait le plus douloureux c'est le pipi! S'agenouiller devient impossible alors je fais pipi debout... avec une réussite mitigée... au moins ça réchauffe les jambes! :)

Aux Chapieux je me demande pour la 1ère fois si je ne devrais pas m'arrêter là. Mais rentrer à Chamonix d'ici va être tellement long que je me convaincs de rejoindre Courmayeur. Et puis mon beau-père doit m'y retrouver et il rêvait tellement de prendre le tunnel, je ne peux décemment pas lui faire ça! ;) Sans compter que Mel et Math sont là pour m'encourager. Mel fait même quelques pas avec moi (oui je sais c'est interdit...), ça me rebooste.

J'ai beaucoup de mal dans la première partie de la montée du col de la Seigne car il faut courir, puis la pente augmentant je marche et c'est déjà moins douloureux. Mais la descente suivante est impossible. Désormais je ne peux plus plier le genou gauche, si bien que je tape dans beaucoup de cailloux, perds l'équilibre et dois plier la jambe pour me rétablir. Aïe PU***** de M****! Je vois le ravito du lac Combal en contre bas. Je ne peux plus courir, je marche jambe tendue, j'ai très mal. En arrivant au ravito mes premiers mots sont "comment on fait pour abandonner?".

Donc voilà DNF ("did not finish") sur l'UTMB. C'est une énorme déception d'abord parce que j'étais particulièrement en forme et cette course était ouverte. Je m'étais préparée pour un 100 miles, ma course a duré 100 mètres! Ensuite parce que j'ai le sentiment qu'on m'a volé ma course. Cette chute n'est pas de ma faute, je ne peux en vouloir qu'au coureur qui m'a attrapé le pied (et sans s'arrêter ensuite d'ailleurs....). Pourtant dans la tête je suis bizarrement moins déçue qu'à la Transgrancanaria. Course que j'avais finie mais dans un état pitoyable et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même, je n'avais pas su me préparer. Comme je n'aime pas mal faire les choses, je m'en suis beaucoup voulu. Là finalement je trouve ça plus facile d'en vouloir à qqun d'autre qu'en vouloir à soi!

Le soucis de mon genou est donc un épanchement de synovie suite au choc. A J+5 je ne peux toujours pas plier le genou plus qu'à angle droit. Alors je prends mon mal en patience. Avant de repartir surmotivée pour la diag'!

Quoi qu'il en soit, mille merci aux milliers de spectateurs qui nous ont encouragés sur le chemin. Si vous saviez comme ça fait du bien au moral! Merci au team vibram pour les si bons moments partagés, à Nic et Jérôme pour l'assistance et le réconfort. Vous êtes une team de rêve! Evidemment et comme toujours, merci à ceux qui me soutiennent avec ou sans genoux: vibramisostar, trailstoreTente Hussarde NaïtUp.

Prochain RDV... lorsque le genou sera de nouveau d'attaque!