On est un peu plus de 300 à 23h à Kaprun sur la ligne de départ. Je suis en première ligne -privilièges des invités- et évidemment je me fais pas mal doubler sur les premières minutes. La première partie jusqu'au ravito de Ferleiten (km22) ressemble beaucoup au début de l'UTMB jusqu'au Contamines: une bosse, des chemins plutôt larges (malgré quelques singles) et du faux plat montant. Pas extraordinaire comme début de course mais c'est un bon entrainement pour l'UTMB. J'arrive au ravito avec deux féminines. Depuis le début, je n'arrête pas de me dire qu'on part trop vite sachant ce qu'il nous reste mais les filles sont surmotivées et je ne veux pas les laisser partir. Alors je sers les dents... et prie pour que ça lache! ;) Je repars juste avant elles après un ravito Formule 1 orchestré par Cyril.
5km plus loin, c'est là que les choses sérieuses commencent avec une montée bien raide jusqu'au U. Pfandlscharte (km35). J'apprécie de pouvoir marcher sans en avoir mauvaise conscience. Le parcours est devenu bien plus joueur, avec beaucoup de singles et une longue traversée de glacier où je m'amuse comme une enfant. Tout ça en débardeur à 2500m en pleine nuit et sans avoir froid! Inquiétant le réchauffement climatique mais en égoïstement agréable...
Ravito express à Glocknerhaus (remplissage des flasques en cranberry, km38) et j'attaque la montée jusqu'au Pfortscharte, point culminant de la course (2800m). Le jour se lève et je m'aperçois que la météo qui annonçait grand beau temps aujourd'hui semble s'être bien trompée puisque c'est tout bouché. Dommage de ne pas pouvoir voir les sommets car ça a l'air merveilleux. Peu de temps après, la pluie s'en mêle. Ca ne durera qu'une petite heure, mais assez pour bien refroidir mes ardeurs.
Est-ce le froid, l'excès de sucre ou autre? Peu après j'attrape des brûlures d'estomac. C'est un problème assez récurrent chez moi mais ce n'est que la 2ème fois que ça m'arrive en course. Un maalox, un smecta, un bouillon, du salé, j'entreprends l'extinction du feu intérieur. Les deux heures suivantes sont douloureuses, j'arrive à peine à courir en descente (remous) et surtout je ne m'alimente plus.
J'arrive à Kals (km60) où je retrouve Cyril mais avant même de lui dire bonjour je fonce vers la dame au bouillon. Tu permets mais là tout de suite y a des choses plus intéressantes que toi! ;) Recharge en barres et boisson, en espérant que je puisse bientôt me ré-alimenter (mais il est vrai que cela semble aller mieux).
Les 10km suivants sont hyper roulants, dans une vallée bucolique mais un peu monotone à mon goût. C'est pas dur, c'est tout droit le long de la rivière. La vallée en elle même est belle mais je ne prends pas de plaisir et la sanction est immédiate: quand je ne m'amuse pas, je n'y arrive pas. Donc c'est plat mais je marche souvent. Je me fais doubler par 2-3 coureurs mais j'ai beau essayer, je ne peux pas à les suivre. C'est dans la tête que ça se joue mais aussi dans les jambes. Car depuis Kals j'ai une dalle d'enfer. Maintenant que l'estomac a repris du service, il proteste violemment d'avoir été à la diète forcée pendant plusieurs heures. J'ai rapidement terminé toutes les barres que j'avais prévues sur cette portion. J'attaque la montée de Kalser Tauern (km78) avec les poches aussi vides que les gambettes. Cette montée est un long chemin de croix. C'est raide et je n'ai pas d'énergie. Je m'arrête plusieurs fois. Atteindre le sommet est une délivrance comme j'en ai rarement connue.
Je retrouve Cyril peu après au ravito de Rudolfshütte. Je repars avec le double de ce que j'avais prévu mais il faut bien nourri l'ogre qui est en moi! On bascule sur la partie que je trouve la plus grandiose. C'est mega sauvage dans un enchevêtrement indescriptible de rochers à travers lesquels le sentier serpente. Avec le lac en contrebas et le glacier juste au dessus, c'est juste hallucinant de beauté, même si malheureusement la chape de nuage nous empêche de voir les sommets.
Les gambettes de Juliette. Si si! Photo: sportograf.com |
La descente jusque Kesselfallhaus (km102) est roulante mais assez joueur et je m'amuse. C'est fou à quel point j'ai retrouvé des forces depuis Rudolfshütte. Quand je pense à mon état de fatigue avancé quelques heures plus tôt, je me dis qu'il ne faut jamais baisser les bras en ultra! Je double beaucoup de monde sur la descente, mais malheureusement ce ne sont que des coureurs du 50km qu'on a rejoint depuis quelque temps. C'est à la fois fatiguant ("vorsicht", "bitte", "achtung", "bitte", "vorsicht" etc) et motivant.
Après Kesselfallhaus c'est un peu plus monotone mais il faut bien rentrer n'est ce pas? Je mets mes dernières forces dans les derniers km. Je franchis la ligne après 17h27, 1ère femme (10/150 scratch, 7%). Très contente de ma course après un petit passage délicat à mi-course. Mais il faut bien quelques petits grains de sable pour pimenter l'aventure!
Les gambettes à l'arrivée. Photo: Cyril Pérot |
Vielen dank aux organisateurs pour leur invitation et leur accueil XXL. Je ne connaissais pas les Alpes autrichiennes et je n'ai pas été déçue. Les paysages sont déments, je suis extrêmement contente d'avoir couru au milieu de ces décors majestueux. Malheureusement la météo m'a empêchée de voir le sommet du gros caillou alors je crois bien qu'il va falloir que je revienne! Les organisateurs si vous repassez par là... ;) Evidemment et comme toujours, merci à ceux qui me soutiennent avec ou sans victoire: vibram, isostar, trailstore, Tente Hussarde NaïtUp.
Prochain RDV sur l'UTMB pour un autre tour de gros caillou!