dimanche 26 avril 2015

Les cailloux des balcons d'Azur

Je l'attendais, le voilà: enfin arrive le 1er ultra 2015. J'ai enchainé beaucoup de sorties longues ces 4 dernières semaines, depuis le week-end à Mirmande, dont rien moins que 10h le week-end précédent la course. C'est une idée d'Alain qui me coach cette année. C'est la 1ère fois que je fais tant d'heures si près d'un ultra mais je fais confiance au coach. Ce gros bloc d'entrainement s'est d'ailleurs bien passé, malgré une petite alerte au mollet droit mais rien de grave (petite élongation soignée après 4j d'arrêt).

Je suis contente de découvrir une nouvelle région, de nouveaux sentiers et de retrouver l'ultra. Contente aussi de passer la veille de course avec Rach et Samia à Antibes, même si j'aurai du coup zappé la sieste. Mais les copains d'abord! Couchée de bonne heure samedi soir, la nuit sous la tente est plutôt bonne. Le réveil à 3h30 l'est moins.. Pour ne pas réveiller Cyril, je prends le petit dej dans la voiture. Dans la camping tout est calme. Tu m'étonnes, on est dimanche et il est 4h du mat'! Je croise dans les sanitaires une campeuse, à moitié réveillée, qui doit se dire que je suis folle en me voyant débarquer en petit short, frontale et dossard à 4h du mat'. Elle n'a peut-être pas tort.

Départ donc à 5h du mat' depuis la plage de Mandelieu. Au programme, l'ultra trail des Balcons d'Azur, 80km et 3500+.




Je suis côte à côte avec Mayou sur la ligne de départ. Ce sera d'ailleurs le seul moment de la course où l'on est si proche, malgré tous mes efforts pour le rattraper plus tard. Mais c'est qu'il est corice le voisin!

Je prends un départ assez bon, c'est-à-dire prudent sans être trop lent. Quelques gars me doublent sur la première demi heure mais rien d'anormal. A un moment, j'entends des pas de félin derrière moi. Inutile de me retourner, je sais que c'est une féminine. Elle me passe peu après et je n'envisage même pas un instant de la suivre: toute cette première partie de course est roulante et nous n'avons pas la même vitesse. Je me dis que la route est encore longue et qu'on verra plus tard (en fait non, je ne la reverrai qu'à la remise des prix!).

La nuit se lève peu à peu et j'admire le paysage. La lumière particulière du sud et les sommets dépassant de la brume en contre-bas donnent une sensation très particulière. Arrive le 1er ravitaillement, col Notre Dame, où je prends un verre d'eau. Il faut dire qu'il n'y a que de l'eau... et des pains au chocolat! Véridique! Chapeaux aux coureurs qui auront osé!

La course continue et ça devient de moins en moins roulant. Moi qui pensais être peinard à courir le nez en l'air et admirer la vue sur la mer, il va falloir que je revois mes plans! Au 2ème ravito, à Aguay, je retrouve Cyril qui me fait l'assistance. Je lui dis que finalement ça va être plus chaud que prévu. Il n'y a pas que dans notre jardin qu'il y a des cailloux, l'Estérel se défend plutôt bien!

A partir de là j'entre en mode automatique. Se mettre dans sa bulle, couper les neurones et juste avancer les pieds, c'est la meilleure tactique sur ultra. Je coupe tellement le cerveau qu'en suivant un gars devant moi, je me retrouve juste derrière lui alors qu'il s'est arrêté net et semble chercher quelques chose devant lui. Etonnée, je lui demande si tout va bien, à quoi il me réponds "ben ouais je pisse là".... Ah OK en fait on n'est même plus sur le chemin... Moment de solitude. Je repars avec le sourire. C'est la première fois que je la fais celle là!

Arrive le 3ème ravito. Je m'apprête à remplir les gourdes alors que je vois Cyril qui me surprend à être là puisque je ne lui avais pas demandé. Cool, je remplis les gourdes et les poches avec mes produits préférés. Heureusement d'ailleurs car les ravitos me semblent particulièrement dépourvus. Enfin je vois quand même du paté en croûte. Après les pains au choc', les organisateurs n'ont décidément peur de rien! :)

Passage au pic cap roux avec une vue magnifique sur la mer. Ah ça change des Alpes! Nouveau passage au col Notre Dame où je retrouve Cyril. J'ai oublié de regarder s'il y avait toujours les pains au choc'! Dernier "gros" sommet (sommet des grosses grues, merci pour la poésie) où la vue à 360° est magnifique. Les méchants cailloux continuent de se mettre sur mon chemin mais bizarrement je me sens de mieux en mieux. Je m'étonne moi même d'avoir moins mal aux jambes maintenant que 4h plus tôt. Comme quoi l'ultra est plein de surprises.

Dernier ravito à Théoule sur mer (merci Cyril) avant d'aborder la dernière bosse. Ici se trouve le seul bémol de la course: une boucle de presque 2km qui nous fait revenir exactement au même point. Rien de particulier sur cette boucle. La vue est belle, très belle même, mais c'est guère différent de ce que l'on voit juste après. Je m'interroge toujours: quel est son intérêt? Est-ce pour les points UTMB? Enfin bref, je continue ma course et ma remontée au classement. Je me sens vraiment bien, je double de nombreux coureurs. Beaucoup sont en fait sur le 47km mais c'est toujours bon pour le moral. Je finis sur les chapeaux de roues. De mémoire, je n'ai jamais fini aussi bien un trail. Je finis en 9h40, 2ème F (18/152, 12% scratch). Bien contente de cet ultra: c'était une belle course, dans les deux sens du terme!

Petit short et grand sourire à l'arrivée.

Pour finir, une fois n'est pas coutume, je voudrais donner un carton jaune à celle qui finit 1ère F. J'apprendrai en effet quelques secondes avant la remise des prix qu'elle a couru les 30 derniers km avec un pacer sans dossard qui lui donna barres et boisson dès que nécessaire, donc en particulier en dehors des ravitos. Ce carton jaune va donc à l'athlète en question (qui pourtant n'est pas novice dans le trail, donc je suppose qu'elle connait le règlement) ainsi qu'à l'organisation qui n'a rien fait: personne ne les a arrêtés, aucun bénévole ne leur a rien dit alors qu'ils sont passés ainsi, sans se cacher, aux nombreux pointages. Je ne voudrais pas polémiquer là dessus, ni même paraitre pour un mauvaise perdante: elle avait déjà 20' d'avance quand elle a rejoint son pacer et à l'arrivée c'est 35' qui nous séparent. Honnêtement c'est énorme et sa victoire est incontestable. Je reconnais sans rougir qu'elle méritait la 1ère place. Seulement j'aurais préféré que cette victoire se fasse dans les règles, pour ne pas avoir besoin de me poser ces questions justement. Bref, passons, l'important ce n'est pas sa course mais ma course, et sur celle-ci j'ai des raisons de me réjouir! :)

Et maintenant, cap sur la maxi-race!