La départ est donné à 23h devant un public nombreux. Bravi bravi bravi! (car comme je l'apprends pour l'occasion, "bravo" s'accorde en italien)
Cherchez Charlie! (si si je me vois). Photo: organisation. |
J'ai les jambes coupées au départ mais comme toujours il faut quelque temps aux gambettes pour chauffer et quelques dizaines de minutes plus tard elles ronronnent comme un vieux diesel. Le parcours est roulant, c'est sûr, néanmoins le d+ est là et perso je fais la plupart des côtes en marchant, les mains en appui sur les genoux. Tout le monde ne s'appelle pas Caro Chaverot! ;)
Première bosse passée, j'attaque la 2ème en marchant-trottinant. Sans que je comprenne pourquoi, une petite douleur s'installe peu à peu dans la fesse gauche. Je me dis que ça va passer, ça m'arrive d'avoir de petites douleurs qui passent. Malheureusement celle-ci ne s'estompe pas au fil des km et a même plutôt tendance à augmenter. Pour l'instant c'est tout à fait supportable mais vais-je tenir 100km comme ça? Ca commence à gamberger dans la tête bien plus que dans les gambettes.
Au ravito du km33, je retrouve les vibram boys pour le ravito. Je leur dit que j'ai mal à la fesse et que je vais voir comment ça évolue. Je suis loin de devoir abandonner mais le fait que ça ne se stabilise pas m'inquiète. J'ai déjà fait la diag' en 2014 avec une douleur bien plus forte au genou (chute) mais la différence notoire est que la douleur s'était vite stabilisée. Dans la tête je n'avais pas l'impression d'empirer les choses à continuer. Aujourd'hui c'est différent.
Le soleil commence à pointer le bout de son nez dans la montée vers les tre cimes. J'éteins la nao et découvre les magnifiques falaises qui nous entourent. Ah c'est beau les Dolos! Je monte en marchant à un bon rythme. La douleur à la fesse continue d'augmenter mais c'est encore supportable en montée, même si la descente m'inquiète plus. Mais chaque chose en son temps: pour l'instant, monter!
Au refuge je retrouve Jérome, Nico et co. Je leur dit que je continue parce que maintenant que je me suis tapée toute la nuit, j'ai quand même envie de profiter un peu du jour! Mais intérieurement je suis pessimiste pour la suite. Je repars en trottinant ou plutôt en claudiquant puisque je boite depuis quelque temps pour diminuer le poids sur la jambe gauche. Maud qui était juste devant moi au refuge disparait vite, d'autres coureurs me doublent. Pas facile dans la tête mais la vue est tellement GRANDIOSE que je garde le sourire. GRANDIOSE n'est pas le mot. A vrai dire il faudrait inventer de nouveaux superlatifs. Lever du jour orangé sur les falaises grises vertigineuses des tre cimes au dessus d'une mer de nuages bleue. Sincèrement j'ai rarement vu quelque chose d'aussi beau!
Au pied des tre cimes. Photo: organisation |
La piste en balcon terminée, on attaque une descente de 800m D-. Raide et un peu technique au début, puis bien plus roulante (et à vrai dire un peu ch***) par la suite. J'arrive à courir au début mais ça devient vite trop douloureux. Je cours 10m et marche 5m. A chaque pose du pied, c'est un petit coup de poignard dans la fesse. C'est une douleur bien localisée mais qui devient décidément très douloureuse. Je fais un rapide calcul, il me reste plus de 60km à continuer comme ça. Je n'ai jamais eu de plaisir à courir dans la douleur mais surtout je n'arrête pas de me répéter que c'est une connerie ce que je fais, que le fait que j'aie de plus en plus mal, c'est que les choses empirent. J'ai mal mais de toute façon ça gamberge bien trop dans la tête pour courir. C'est décidé, j'arrête. J'appelle les vibram boys pour qu'ils viennent me chercher à la prochaine route. Km60. Fin de l'aventure dolomitienne. (ça se dit?)
Bizarrement au début, cet abandon (mon 1er sur blessure), je ne le prends pas mal du tout. Sans avoir abandonné, je m'en voulais bien plus à la Transgrancaria de m'être si mal préparée. Aujourd'hui physiquement j'étais prête, je n'ai même pas chuté, pas fait d'erreur. Je me dis qu'une blessure ça arrive, c'est peut-être juste la faute à pas de chance. Mais le moral se détériore au fil de la journée, alors que je vois les sourires radieux des coureurs franchissant la ligne d'arrivée à Cortina. Le bonheur des uns ne fait pas toujours le bonheur des autres!
6j après, je pense avoir digéré. De toute façon il faut avancer, ce qui est fait est fait! Pour la petite histoire, cette douleur c'était une élongation qui est déjà pas loin d'être guérie. La reprise est imminente. :)
Je n'ai vu que la moitié du parcours mais ce que je peux en dire c'est que les paysages sont grandioses mais le tracé en lui-même est beaucoup moins enthousiasmant. Beaucoup de pistes monotones, de longues lignes droites, très peu de singles. Personnellement, une année où la météo ne permettrait pas de profiter des paysages (et c'est souvent le cas dans les Dolos!), je m'ennuierais sacrément. Ceci étant dit, il en faut pour tous les goûts et heureusement qu'il y a des courses comme ça pour ceux qui aiment envoyer.
Pour finir, merci au team vibram pour leur assistance physique et morale, leur bienveillance, leur gentillesse, leur amitié, les tranches de rigolades et les bonnes pizzas! Merci aux organisateurs, aux baliseurs, aux bénévoles. Et un grand merci aux nombreux supporters italiens présents à chaque coin de route. Bravo brava bravi! Et évidemment merci à ceux qui me soutiennent avec ou sans ligne d'arrivée: isostar, trailstore, Tente Hussarde NaïtUp.