La veille au soir, alors que je prépare mon sac, panique à bord: impossible de mettre la main sur mes flasks. Je fais et défais mes affaires mais le miracle n'aura pas lieu: les coquines sont restées à Grenoble. Pas de poche à eau non plus, pas de petite bouteille, donc je me résous à emporter un bidon isostar de 600mL pour satisfaire le règlement. La seule poche qui peut l'accueillir est la poche arrière. J'essaie le chargement en pyjama-frontale dans une ruelle (n'ayons pas peur de la honte). L'essai est moyennement concluant, ça tape dans mon dos mais je n'ai pas le choix, on fera avec.
Le lendemain matin, il bruine sur la ligne de départ. Je sors le coupe-vent ultralight -et aussi ultra-fluo- de Raidlight que j'apprécie pour ces conditions où la pluie n'est pas trop forte. Bon, je nage dedans car il n'existe qu'en modèle homme mais je ne suis pas là pour un défilé de mode. D'ailleurs Maria non plus apparemment: je la retrouve abritée sous la tente de départ, couverte d'un sac poubelle, ça c'est du coupe-vent technique! J'arrive pour la dernière phrase du briefing et entend l'organisateur dire "cette année ce sera une course au sec". Ca tombe bien, je n'ai pas pris de chaussures à crampon pour la boue.
Tous aux abris sur la ligne de départ! Moi en orange fluo au premier plan et Maria juste derrière en sac poubelle! Photo: Yvan Arnaud |
La départ est donné, on rejoint presque immédiatement les premiers sentiers. Et avec eux les premiers passages de boue. Qui a dit que le terrain serait sec déjà? En fait je ne mets pas longtemps à comprendre que tout le sentier n'est qu'une immense mare de boue. Avec mes Leadville aux pieds, je galère carrément. Je glisse et re-glisse. C'est un problème de chaussures mais probablement aussi un problème d'appui. Ca fait longtemps que j'ai remarqué que je ne sais pas courir dans la neige comme dans la boue. Maria aussi patine et nous nous retrouvons à courir euh pardon glisser une quinzaine de km ensemble. Je tombe une fois, deux fois, trois fois. J'ai de la boue partout.
Je perds Maria peu avant le premier ravitaillement vers le km15. Il y a beaucoup de monde sous la tente et comme je n'aime pas ça, je ne m'arrête pas. Un peu plus loin, nouvelle glissade la tête la première. Je me relève avec de la boue et plusieurs feuilles mortes dans la bouche. Vive le trail en Ariège! Le festival de la boue continue et je suis de plus en plus hallucinée: le terrain était complètement sec la veille au soir encore et ce n'est qu'une petite bruine qui tombe depuis la nuit. Je n'ai jamais vu autant de boue créée par aussi peu de pluie! La Chartreuse est battue à plat de couture!
Juju cra-cra en action au lever du jour. Photo: Yvan Arnaud |
Je continue mes glissades (nouvelle chute) jusqu'au 2ème ravitaillement, km30. Je n'ai rien bu depuis le début de la course, il serait peut-être temps de m'y mettre: verre d'eau, de coca, de jus de pomme, bol de soupe, orange, banane, le tout en moins d'une minute et ça repart. Le trail, c'est du sport aussi pour l'estomac!
J'attaque à un bon rythme la montée vers la citadelle de Montségur. Il me semble que la quantité de boue diminue un peu. Peu avant d'aborder les derniers 200m+, on est rejoint par le 20km qui vient de partir. Alors que j'étais presque seule jusque là, me voici dans un flot d'une dizaine de coureurs qui sont moins rapides mais surtout dans un autre état d'esprit que moi: nous sommes sur un single à double sens puisque c'est un aller-retour. Impossible de doubler mais cela n'empêche pas certains de s'arrêter pour prendre des photos... Je boue (jeu de mot!) intérieurement. Ce bouchon, c'est le seul bémol que j'aurai sur la course. Les prochaines années, il serait peut-être bon de décaler les départs du 20 et 70km (si les organisateurs passent par là!). Je perds du coup quelques minutes sur la montée-descente mais surtout pas mal de plaisir.
Fin de la descente de Montségur, un peu d'air! Photo: Brunilde Girardet |
Je m'inquiète un peu de savoir si le 20km va continuer longtemps avec nous mais je me rassure rapidement lorsque je vois bifurquer. les deux parcours. Seule sur le 70km, ah ça va mieux! J'arrive au 3è ravito, km44. Même protocole: eau, coca, jus de pomme, soupe, orange, banane et ça repart!
Petite bosse, portion de plat où je me surprends à bien courir et surtout à aimer ça (oui, moi, le plat!). J'attaque la 2ème citadelle du jour, Roquefixade. Je monte bien, franchement plus les km passent plus je me sens bien. Le temps s'est levé, j'ai quitté la veste, la boue se fait plus rare, la vie est belle. La vue aussi d'ailleurs: depuis les crêtes, c'est une tuerie avec Roquefixade en premier plan et les Pyrénées enneigées derrière. Enfin c'est pas pour autant que je ralentis pour admirer la vue, faudrait pas déconner quand même!
Roquefixade et les Pyrénées enneigées en arrière plan. la plus belle vue de la course! Photo: Brunilde Girardet |
Descente, 4ème et dernier ravito (km58) où je trouve qu'il y a bien du monde (on a rejoint le parcours des 40km) et donc je ne m'arrête pas. J'attaque la dernière gâterie du jour avec Vivien, breton et fier de l'être, drapeau accroché au porte-ceinture. On monte à un bon rythme ensemble mais je le perds peu à peu sur le dernier mur. Pas grave, je préfère aller à mon rythme. Je prends du plaisir sur les crêtes qui suivent, rocailleuses comme je les aime. Je cours bien et tout coureur qui entre dans mon champ de vision se doit d'être doublé. Copyright Lucie Jamsin! :) Bon, c'est sûrement presque que des coureurs du 40km mais peu importe, ça me motive. Dernière descente raide où je me fais plaisir et dernière ligne droite. Je suis contente de cette fin de course, je finis fraiche et c'est plutôt de bon augure pour les prochains ultras! Je franchis la ligne après 8h43, 2ème femme, 44/289 scratch (15%).
Grand sourire pour la dernière ligne droite, spéciale dédicace pour Isma! :) Photo: Brunilde Girardet. |
"Ce qu'il faut retenir" comme dirait Maria, c'est qu'il ne faut JAMAIS croire que le parcours des citadelles puisse être sec. Une goutte d'eau ici, c'est 1L de boue. L'Ariège est magique! :) Cette édition ne fut donc pas une édition "au sec"... mais "à sec" ! Sans flask, j'ai du boire 1L à tout casser sur la course. C'est peu, trop peu pour près de 9h d'effort. Néanmoins en contrepartie je me suis plus alimentée que d'habitude et finalement je n'ai pas vraiment eu de coup de mou (malgré un bon mal de crâne à l'arrivée!). J'avais programmé ma polar V800 pour qu'elle sonne toutes les heures ("profil sportif" avec option "tour automatique" toutes les heures). C'est un excellent moyen de se rappeler qu'il est temps de s'alimenter sans avoir à rester le nez collé au chrono. Au total, j'ai mangé 6 pastilles de dextrose + 7 barres isostar, toutes différentes pour varier les gouts et les textures et éviter l'écoeurement.
Pour finir, merci aux organisateurs pour cette édition très sympa des citadelles "au sec" comme ils disent. Qu'est ce que ça doit donner les éditions humides!!! Merci également aux bénévoles, supporters et photographes, amateurs ou non, Brunilde et Yvan en tête! Enfin et comme toujours, un grand merci à mes partenaires qui me soutiennent: isostar, Raidlight, trailstore, Polar, BVsport, Stations de trail.
Le prochain épisode au Défi de l'olympe: 6h de D+ pour faire chauffer les mollets!
C'est fait, l'organisateur t'a lue. Honnêtement, et vu comme c'était sec la veille, je ne pensais pas que cette petite pluie engendrerait autant de boue. Mais c'était quand même relativement sec par rapport à ce que l'on peut faire ;-)
RépondreSupprimerPour les croisements à Montségur, c'est impossible à bien caler car les coureurs du 70km s'étalent sur plusieurs heures. Le 40km y passe seul, les tous premiers et les derniers du 70 sont assez isolés, mais toi tu es tombée en plein dans le flot...
Belle course malgré cet écueil, bravo à toi.
Michel
Merci Michel pour ton commentaire. OK pour Montségur, c'est bien fait pour moi alors, j'avais qu'à aller plus vite sur la 2ème boucle! :)
SupprimerJe reviendrai sur une édition humide, juste pour voir ce que ça peut être et mourir moins bête. J'apporterai mon maillot de bain!
Bravo juju!
RépondreSupprimer1 litre seulement! Tu es un vrai dromadaire!! ;)
La saison démarre bien.
1 litre, ce n'était pas calculé et je ne le recommande pas! J'ai tenté, c'est passé, mais c'est un coup à attraper des tendinites ce genre de jeu. D'ailleurs j'ai mis plusieurs jours à me réhydrater.
SupprimerJe ne sais pas si la saison démarre bien, en tout cas moi je m'amuse bien! :)
les pieds dans quel état à l'arrivée ?
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